MEDIA + «Star Academy» est de retour pour 3 mois de diffusion sur TF1. Quelle est votre approche du programme ?
Jean-Louis BLOT Il est évident que c’est un gros pari. Produire une émission aussi exposée en quotidienne et en Prime plusieurs mois nécessite un vrai savoir-faire. D’ailleurs, on remarque une chose : plus les programmes sont récurrents, plus ils s’installent et mieux ça fonctionne. Cela encourage la consommation sur MyTF1 et MyTF1MAX. Plusieurs centaines de personnes travaillent sur nos shows du samedi soir et une soixantaine au château. Bref, tout a été optimisé pour raconter la vérité du réel. En revanche, on essaie de s’approcher des codes de narration de la fiction grâce à la disposition de nombreuses caméras, sans oublier l’expertise de nos cadreurs. Depuis la saison dernière, il y a un réalisateur sur les quotidiennes de la «Star Academy» pour avoir un vrai regard sur l’histoire.
MEDIA + Est-il sincèrement plus compliqué d’imposer de nouveaux concepts ?
Jean-Louis BLOT Introduire un format inédit est un défi pour le rendre populaire. Pour autant, il y a quand même des nouveautés qui fonctionnent comme «Drag Race France» ou «LOL : qui rit, sort !». En revanche, revenir avec une marque existante, ça reste plus simple à imposer. En période de crise, les marques sont des repères et des madeleines de Proust.
MEDIA + La télévision traditionnelle peine-t-elle à se renouveler ?
Jean-Louis BLOT En combinant ce que nous diffusons sur TF1 et TFX, ainsi que sur les réseaux sociaux, MYTF1 et MYTF1 Max, «Star Academy», malgré ses 21 ans d’existence, est l’émission qui correspond le mieux à la manière dont les contenus sont consommés aujourd’hui. La «télévision à papa» est résolument moderne. Ce sur quoi nous devons nous concentrer, ce sont les histoires que nous racontons.
MEDIA + Quels récents formats avez-vous repérés ?
Jean-Louis BLOT Sur le marché étranger, il y a peu de nouveautés. On investit donc dans la création avec des diffuseurs et/ou des partenaires. Nous examinons de manière opportuniste ce qui a bien fonctionné dans notre catalogue par le passé. Revisiter un ancien format est stimulant. Cela nous permet de le moderniser et de le rendre pertinent pour le public actuel. C’est un peu comme lorsqu’un nouveau «James Bond» sort au cinéma. Par exemple, aux États-Unis, ils ont produit «Deal or No Deal Island», une nouvelle version de «A prendre ou à laisser» avec un twist : tout se déroule sur une île symbolisant l’univers du banquier. S’il y a un autre programme que je souhaiterais revoir à la télévision, ce serait «La Fureur». C’était l’émission la plus feel good et divertissante de la fin des années 90 et du début des années 2000. Nous avons besoin de ces moments de détente, de rire et de bonne humeur aujourd’hui.
MEDIA + Un mot rapide sur vos productions à l’antenne ?
Jean-Louis BLOT «Les 12 coups de midi» réalise d’excellentes performances sur TF1, atteignant des records avec des pics à 4,2 millions de téléspectateurs. En plus de l’émission quotidienne, nous produisons trois Prime par an. «Les Enfants de la Télé» a connu sa meilleure saison l’année dernière avec 16% de pda. Laurence Boccolini a brillamment repris les rênes de l’émission avec un démarrage canon ! Bien qu’aucune version en première partie de soirée ne soit prévue, nous restons à l’écoute des besoins de France 2. Nous préparons actuellement une saison spéciale pour les «10 ans de Prodiges». Sa version «pop» lancée à la rentrée a bien résisté malgré une concurrence féroce. C’est l’un des seuls talent show de France 2. Elle mériterait de revenir. La nouvelle saison de «Baby-Boom» pour le groupe TF1 est en post-production, tout comme la saison 4 de «Lego Masters» pour M6. Enfin, nous travaillons depuis un an pour convaincre TF1 de relancer «Secret Story». On croise les doigts.
MEDIA + Est-ce que «Loft Story» serait trop basique pour être diffusé en 2024 ?
Jean-Louis BLOT Pas nécessairement. Prenez l’exemple du retour de «Big Brother» sur ITV en Angleterre : c’est un immense succès, triplant l’audience de sa case. J’espère que cela inspirera les chaînes françaises. Partout où «Big Brother» a fait une pause puis a été relancé, il y a toujours eu au moins deux nouvelles saisons.
MEDIA + Quels sont les grands défis auxquels Endemol France est actuellement confronté ?
Jean-Louis BLOT On a un seul défi : produire des programmes de qualité, quel que soit notre partenaire. Pour y parvenir, nous nous associons avec les meilleurs talents du secteur. Nous continuons également de renforcer notre présence sur les réseaux sociaux et YouTube. Nos contenus suscitent de l’interaction et cumulent des centaines de millions d’impressions et de vues, y compris sur nos archives que nous valorisons de manière stratégique.