Vivendi est prêt à engager une action en justice si l’offre du fonds d’investissement américain KKR pour le réseau fixe de Telecom Italia était approuvée sans être soumise à une assemblée générale extraordinaire des actionnaires, a selon des sources proches du dossier. Principal actionnaire avec une part de 23,75%, Vivendi a adressé une lettre en ce sens au CA de Telecom Italia, qui est censé examiner l’offre lors d’une réunion prévue le 3 novembre et émettre un avis le 5 du même mois. Interrogés, Vivendi et Telecom Italia n’ont pas souhaité commenter. L’offre de KKR, appuyée par le gouvernement Meloni, varie entre 20 et 23 milliards d’euros, sous certaines conditions, et reste loin des attentes du géant français des médias, qui misait sur 31 milliards d’euros. S’appuyant sur plusieurs avis juridiques, Vivendi a toujours considéré que la cession du réseau devait être examinée par une assemblée générale extraordinaire des actionnaires, où les décisions sont prises à la majorité des deux tiers. Associé au gouvernement italien, lequel prévoit de prendre ultérieurement une participation jusqu’à 20% dans le réseau, KKR compte concrétiser son projet de longue date d’acquérir l’infrastructure que Telecom Italia cherche à vendre pour réduire son énorme dette. La proposition de KKR à Telecom Italia «respecte les intérêts de l’État, les chiffres ont été largement débattus, l’État ne doit rien donner en cadeau à personne», avait fait valoir le ministre italien de l’Economie Giancarlo Giorgetti à la mi-octobre. Sur les chances d’approbation de l’offre, M. Giorgetti s’est montré toutefois très circonspect. «La décision reviendra au conseil d’administration de Telecom Italia», a-t-il assuré. En cas d’échec du projet, «nous réfléchirons à quelque chose de différent, mais nous ne reculons pas». La Cour des comptes italienne a de son côté émis des doutes sur «la viabilité financière» de l’investissement de l’État, qui prévoit de débourser jusqu’à 2,2 milliards d’euros pour entrer au capital du réseau de Telecom Italia.