L. PÉCAUT-RIVOLIER (Arcom) : «Seulement 10,4% du temps d’antenne des magazines sportifs traitent du parasport

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L’opération «Jouons ensemble» est de retour pour une 3ème édition. L’occasion pour media+ d’évoquer la place du parasport sur les antennes de télévision et de radio avec Laurence PÉCAUT-RIVOLIER, membre de l’Arcom et présidente du groupe de travail «Protection des publics et diversité de la société française».

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L’opération «Jouons ensemble» est de retour pour une 3ème édition. Comment se caractérise cette opération ?

Laurence PÉCAUT-RIVOLIER

«Jouons ensemble» est une opération que nous organisons en lien avec le ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, le ministère délégué chargé des Personnes handicapées et le Comité Paralympique et Sportif Français. Elle vise à promouvoir le parasport dans les médias audiovisuels dans le cadre d’une semaine dédiée. Cette troisième édition a lieu cette année du 2 au 8 octobre 2024. À cette occasion, nous incitons toutes les antennes de télévision et de radio à consacrer du temps d’antenne au parasport en ouvrant leurs plateaux à des athlètes, en diffusant des compétitions, des interviews ou des reportages sur le sujet.

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Quel est l’enjeu derrière cette opération ?

Laurence PÉCAUT-RIVOLIER

À travers cette opération, nous souhaitons mobiliser les antennes pour rendre plus visibles les parasportives et parasportifs. Nous venons de rendre publique une étude flash dans laquelle nous constatons que seulement 10,4% du temps d’antenne des magazines sportifs traitent du parasport. Derrière ce chiffre, on constate aussi de fortes disparités entre femmes et hommes. Le temps d’antenne consacré à la pratique parasportive masculine est 3 fois plus important (48,3%) que celui portant sur la pratique féminine (15,9%). Les parasportives ont ainsi trop peu l’opportunité de faire connaitre leurs différentes disciplines. Ces chiffres doivent nous interpeller. Nous savons qu’une meilleure visibilité du parasport pourrait aider à changer le regard du public sur le handicap et créer des vocations, notamment parmi le jeune public. Les lignes bougent et nous observons de vraies améliorations, mais le chemin est encore long.

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Quelle est l’évolution de la retransmission des Jeux paralympiques dans les médias ?

Laurence PÉCAUT-RIVOLIER

Le taux de retransmission des Jeux paralympiques a beaucoup évolué au cours des dix dernières années, comme en témoignent les chiffres que nous publions dans notre étude. En 2012, les Jeux paralympiques de Londres avaient représenté moins de 20 heures d’antenne. Ce volume a atteint les 104 heures lors des Jeux paralympiques d’été de Rio en 2016 et 123 heures au total lors des Jeux de Tokyo en 2021, grâce à la programmation complémentaire permise par le partenariat conclu entre France Télévisions et la chaîne L’Équipe. Ces chiffres vont dans le bon sens. Les Jeux de 2024, organisés pour la première fois depuis cent ans à Paris, seront une formidable occasion de faire encore mieux. France Télévisions a d’ores et déjà annoncé retransmettre 100% des compétitions parasportives.

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Comment susciter l’intérêt du public pour le parasport au-delà des Jeux ?

Laurence PÉCAUT-RIVOLIER

La médiatisation du parasport ne doit en effet pas se limiter aux seuls Jeux paralympiques. Dans notre étude (JO 2012-2016-2021), nous montrons que le nombre de sujets en lien avec le parasport représentait en moyenne 2,2% de l’offre globale d’information sportive lors des années paralympiques, contre à peine 1% en moyenne en dehors de ces compétitions. C’est insuffisant. Pour susciter l’intérêt du public, nous pensons qu’il faut lui proposer plus de parasport, tout au long de l’année. Par ailleurs, sur l’ensemble des séquences consacrées au parasport que nous avons visionnées, peu faisaient de la pédagogie sur les règles ou les types de handicap concernés. C’est regrettable, car cela ne permet pas aux téléspectateurs d’avoir toutes les informations nécessaires à la bonne compréhension des disciplines. Nous savons les antennes conscientes de ces problématiques, et nous comptons sur elles pour donner au parasport toute la visibilité qu’il mérite lors de Jeux de Paris
et bien au-delà.