Depuis la rentrée, Anne-Sophie Lapix, Laurent Delahousse, Julian Bugier, Leïla Kaddour présentent un journal repensé pour être plus accessible, plus lisible et mieux adapté aux nouveaux usages de l’information sur France 2. Quel est le véritable impact d’un nouveau plateau sur le traitement éditorial d’un rendez-vous d’information quotidien ? Réponse avec Laurent DELPECH, Directeur de projets à France Télévisions qui nous dresse un premier bilan.
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Après plus d’un mois d’exploitation, comment avez-vous repensé le JT de France 2 pour le rendre plus accessible et lisible pour les téléspectateurs ?
LAURENT DELPECH
La transformation du JT de France 2 s’est construite autour de trois axes majeurs. Nous avons d’abord senti un besoin de renforcer la proximité avec le téléspectateur. Elle s’était un peu étiolée avec l’ancien décor, les critiques qualifiant le plateau précédent de «cathédral», notamment à cause d’un écran démesuré. Pour y remédier, nous avons opté pour un plateau physiquement plus compact, réduisant sa taille de 600 à 300 m2. Cela a permis un rapprochement tangible entre le présentateur et sa caméra. Deuxième axe : nous voulions clarifier et dynamiser la mise en scène. Au-delà de la simple réduction de la taille du plateau, nous avons repensé la scénographie et les axes caméra. À une époque où nos smartphones nous inondent d’informations, nous voulons aider les téléspectateurs à distinguer le vrai du faux, l’essentiel de l’accessoire et être encore plus pédagogiques dans la présentation de l’actualité du jour. Nous avons cherché à rendre nos éditions encore plus claires et lisibles. Enfin, le troisième axe était d’opter pour une technologie ancrée dans le réel. Aucun élément virtuel, pas de fond vert. Pour diffuser l’information de manière dynamique, nous utilisons 120 mètres d’écrans et avons introduit des zones distinctes pour nos émissions. Par exemple, une table rectangulaire pour les JT de 13h00 et 20h00, une table ronde pour les magazines, débats et émissions spéciales. Au centre, un totem de 3 mètres et un écran XR de 9 mètres par 3 sur le sol et le mur permettent une grande variété de présentations. Ainsi, cette transformation n’est pas simplement cosmétique, elle vise à servir au mieux l’information et à répondre aux besoins de notre public.
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Comment le nouvel habillage du JT contribue-t-il à une meilleure compréhension de l’actualité par les téléspectateurs ?
LAURENT DELPECH
L’évolution de notre consommation, notamment à travers nos smartphones, a incontestablement influencé notre approche. Aujourd’hui, chacun de nous est familiarisé avec des pictogrammes simplifiés, comme ceux illustrant la météo sur nos téléphones. L’agence Gédéon, que nous avons sollicitée pour ce projet, a brillamment capturé cet esprit. Elle a conçu un habillage visuel à la fois intuitif et épuré, utilisant des formes dynamiques qui peuvent s’agrandir, se rétrécir ou même se diviser. Cette fluidité visuelle s’inspire directement de nos interactions quotidiennes avec l’information sur nos mobiles, et l’adapte à la grandeur de la télévision. L’intérêt majeur de ce choix est de faciliter la compréhension de l’information. En effet, cet habillage permet de mettre en avant des données clés : chiffres, courbes, graphiques… Le tout de manière pédagogique. Le plus remarquable est qu’un téléspectateur pourrait saisir le sujet traité, même avec le volume coupé.
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Les nouvelles rubriques s’inscrivent-elles dans une stratégie plus large de redéfinition de ce qu’est un JT en 2023 ?
LAURENT DELPECH
Nos rubriques ont vocation à mieux séquencer l’actualité. Traiter le journal de manière plus anglée, cela correspond à une attente du public. Par exemple, trois sujets d’actualités sur quatre pourraient être traités sous l’angle de notre rubrique «Vrai ou Faux». Dans le paysage médiatique actuel, marqué par une prolifération des «Fake News» et des informations non vérifiées sur les réseaux sociaux, il est impératif d’apporter de la clarté.
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Avec un focus accru sur l’actualité internationale, cherchez-vous à éviter l’écueil de l’eurocentrisme ?
LAURENT DELPECH
La vision de France Télévisions a toujours été d’offrir une perspective internationale, non seulement dans nos JT, mais aussi dans des magazines phares tels qu’«Envoyé spécial». Avec le nouveau plateau, nous avons eu l’opportunité de formaliser davantage cette ambition. Aujourd’hui, nous disposons d’un outil moderne qui nous permet de diversifier notre couverture, d’élargir nos horizons et de mettre en lumière des sujets peut-être moins couverts auparavant.
MEDIA +
Le recours accru aux interventions de spécialistes sur le plateau vise-t-il à donner plus de corps à l’actualité ?
LAURENT DELPECH
Absolument. L’ambition est de véritablement incarner l’information. Prenez par exemple les démonstrations effectuées par Nicolas Chateauneuf sur notre grand écran XR. Elles nous plongent au cœur des incendies de forêt, nous éclairent sur les phénomènes des glaciers ou encore nous aident à mieux saisir les traînées d’avion dans le ciel. Ces interventions offrent une nouvelle perspective et dynamisent notre manière de présenter l’actualité.
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Lors de la refonte du plateau du JT de France 2, cherchiez-vous à vous distinguer des plateaux de franceinfo et de France 3 ?
LAURENT DELPECH
Nous n’avons pas cherché à nous comparer ou à nous différencier des autres plateaux. Notre objectif principal était de déterminer l’environnement le plus optimal d’un point de vue physique, technologique et esthétique pour délivrer une information de qualité. Nous aspirons à une présentation novatrice de l’actualité qui s’adresse à tous les publics.
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Comment allez-vous évaluer le succès de ce nouveau plateau ?
LAURENT DELPECH
Il faut d’abord prendre possession pleinement de ce nouvel outil car il y a beaucoup de manières d’illustrer l’actualité. Cela dit, nous sommes sur la bonne voie. De nombreuses innovations sont prévues pour l’automne, et encore d’autres surprises pour la rentrée de janvier, incluant de nouvelles rubriques et approches éditoriales. Ce plateau renouvelé n’est pas une finalité, mais le commencement d’une nouvelle ère que nous souhaitons riche et durable.
