Bernard de La Villardière se lance dans un nouveau projet : la création d’un média numérique entièrement dédié à la vidéo. Baptisé RÉEL MÉDIA, il est d’ores et déjà accessible sur plusieurs plateformes de réseaux sociaux, dont Facebook, Instagram, TikTok, LinkedIn et Twitter. Après avoir co-fondé neo, une plateforme axée sur l’information locale et territoriale, le journaliste, présentateur et producteur de télévision a vendu ses parts afin de se consacrer à ce nouveau défi. Entretien.
Le lancement de RÉEL MÉDIA marque-t-il votre ascension en tant qu’entrepreneur dans le paysage des médias en ligne ?
La vidéo est en plein essor sur internet et représente aujourd’hui 80% du trafic. Je suis convaincu que l’avenir réside dans les médias en ligne. Le lancement d’une marque comme RÉEL MÉDIA, qui possède une ligne éditoriale moderne, peut générer des millions de vues chaque jour pour un investissement de quelques millions d’euros. C’est une évolution majeure par rapport à l’ère de la télévision traditionnelle, où il fallait investir des centaines de millions d’euros pour obtenir un tel résultat.
Combien avez-vous investi précisément ?
RÉEL MÉDIA a réussi à lever 1,3 M€ auprès de business angels, ce qui nous assure une stabilité financière pour les dix-huit prochains mois. D’ici là, j’espère que nous aurons atteint un seuil de rentabilité. Ma conviction est d’autant plus forte que nous avons choisi de nous appuyer sur plusieurs piliers, différentes sources de revenus et d’activités, dont principalement la création de contenu pour des marques. Nous proposons aussi des services de conseil et de marque blanche pour les entreprises. Notre ligne éditoriale, fortement en phase avec la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), favorise ce type de travail et nous ouvre des opportunités. De plus, nous produisons également du contenu télévisuel via RÉEL MÉDIA. Nous venons de signer pour un sujet de «Zone Interdite» (M6) sur Rungis, en collaboration avec Ligne de Front, ma société de production.
Comment l’idée de créer RÉEL MÉDIA est née et en quoi elle correspond à vos aspirations et envies personnelles ?
Je fais partie de ces personnes légèrement au-delà de la soixantaine, qui sont irritées par le pessimisme et le manque de profondeur actuels. Je suis particulièrement contrarié par la tendance à servir aux jeunes, voire aux très jeunes générations, une sorte de bouillie idéologique anxiogène. Vous avez probablement entendu parler du phénomène de «l’éco anxiété». Avec RÉEL MÉDIA, j’espère combattre cette vague anxiogène. Ayant parcouru le monde pendant deux décennies, je sais que l’une des principales qualités de l’être humain est sa capacité d’adaptation. Nous vivons dans un monde en constante adaptation, quelles que soient les générations ou les continents. Les gens inventent de nouvelles manières de travailler. La pandémie de covid a accéléré cette tendance avec le télétravail, mais pas seulement. Jamais les employés n’ont eu autant besoin de se retrouver, de se rassembler, de voyager ensemble, de participer à des activités de team building et de s’engager au sein de leur entreprise. RÉEL MÉDIA veut montrer que les gens s’adaptent et prennent des initiatives à leur échelle. Nous assistons à un véritable mouvement de fond : relocalisation des activités, redécouverte de la valeur du travail manuel, valorisation du savoir-faire français. Aujourd’hui, je souhaite élargir cette vision, non seulement à la France, mais aussi à l’Europe et à l’international.
Comment RÉEL MEDIA se démarque-t-il des autres médias numériques actuels, notamment en termes d’approche et de traitement de l’information ?
Nous adoptons une attitude résolument optimiste. Notre objectif est de mettre en lumière les actions concrètes de citoyens, militants associatifs ou entrepreneurs qui travaillent pour trouver des solutions et façonner le monde de demain.
Quel est l’objectif principal en visant le grand public ?
L’intention est d’offrir une alternative au catastrophisme ambiant. Installer un média délibérément positif, mettre en exergue l’engagement, l’esprit d’initiative et la capacité d’adaptation des uns et des autres.
Quel volume de contenus produisez-vous au quotidien ?
Actuellement, nous publions trois à quatre reportages par jour, dont des faces caméra, et nous avons l’intention de maintenir ce rythme pour le moment. À l’avenir, nous envisageons de produire des formats plus longs. Notre objectif est d’établir une marque qui dépasse le cadre du média numérique, capable de créer des événements, d’offrir des conseils aux entreprises sur des problématiques RSE et d’aider ces dernières à communiquer plus efficacement sur leurs actions, afin de les faire connaître au grand public.
Comment RÉEL MÉDIA compte-t-il concilier son modèle économique basé sur le brand content avec son engagement pour une information authentique et indépendante ?
Nous envisageons de collaborer avec des marques qui ont adopté cette approche et qui ont déjà modifié leurs comportements et pratiques. Il y a une dizaine ou une quinzaine d’années, on aurait pu suspecter certaines marques d’utiliser la RSE comme un écran de fumée pour promouvoir leurs propres intérêts à court terme. Cependant, ce n’est plus le cas de nos jours.
Avez-vous déjà conclu des partenariats ?
Oui, nous avons conclu un accord avec L’Occitane en Provence, une entreprise profondément engagée dans les enjeux RSE, la préservation de l’environnement et la valorisation des cultures locales, en France et à travers le monde. Nous avons l’intention de montrer comment ses employés et partenaires participent activement à cette démarche, faisant de L’Occitane bien plus qu’un simple acteur économique, mais un véritable artisan du changement.
Quels sont les défis à relever pour assurer la pérennité de votre nouveau média ?
La clé, c’est communément ce que l’on appelle l’ADN. Quand la culture d’entreprise installée dès le départ est la bonne, et que l’écho médiatique est optimiste, encourageant, c’est un très bon commencement. Cependant, comme toutes les entreprises privées, il est crucial d’assurer un flux de revenus régulier. Ensuite, l’autre clé importante est d’entretenir de bonnes relations avec ses actionnaires.