Conflit social : une quinzaine de matinales communes aux radios locales publiques France Bleu et à France 3 perturbées

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Une quinzaine de matinales communes aux radios locales publiques France Bleu et à France 3 (soit la moitié) n’ont pas été diffusées à la télé mardi, des journalistes radio ayant retiré leur droit à l’image pour protester contre le statut précaire de confrères chargés de les filmer.

Au total, «16 des 31 matinales filmées n’ont pas été diffusées ce mardi matin» sur France 3, remplacées par des dessins animés entre 07h00 et 09h00, s’est félicité dans un communiqué le syndicat SNJ Radio France, saluant le «beau succès» de ce «mouvement de protestation illimité» suivi notamment à Lille, Paris, Bordeaux ou encore Aix-en-Provence. Il était par exemple impossible de suivre la matinale de France Bleu Nord sur France 3 Nord-Pas-de-Calais, deux de ses trois intervenants refusant d’être filmés, selon le journaliste de la station Matthieu Darriet, co-secrétaire du SNJ à Radio France.

En cause, le statut précaire des éditeurs visuels mettant en images les journaux radio, qui sont employés par un sous-traitant privé, Eden Press, en CDD d’usage, ces contrats très courts de quelques heures à plusieurs jours. Ce dernier a décidé de ne pas renouveler à la rentrée le contrat des éditeurs visuels ayant travaillé plus de trois ans, «un licenciement qui ne dit pas son nom», selon le SNJ-CGT du groupe radiophonique. «Radio France ferme les yeux sur les pratiques de son sous-traitant», a dénoncé une journaliste de France Bleu Gironde. Or, le groupe public doit utiliser «son statut de donneur d’ordre» pour que ces éditeurs «puissent travailler plus longtemps», estime Matthieu Darriet. Un renouvellement de l’appel d’offres est prévu à la fin de l’année.

«Dans notre secteur, la règle limitant à trois ans les missions assurées par les collaborateurs en CDD d’usage s’applique partout, dans le privé comme dans le public» et «convient en général assez bien à la nature de nos activités, à leur saisonnalité et aux journalistes eux-mêmes», a déclaré le président d’Eden Press, Grégoire Olivereau. «Plusieurs possibilités peuvent s’offrir» aux personnes concernées, «comme une évolution vers un autre poste dans l’entreprise, l’encadrement des équipes détachées auprès de nos clients ou sur un autre programme dont Eden est en charge», a-t-il ajouté. Sollicité, France Bleu, le réseau des radios locales publiques, n’a pas souhaité commenter ces décisions. Renforçant leurs coopérations, France Bleu et France 3 déploient progressivement des matinales communes depuis 2019, visant un total de 44 matinales retransmises d’ici à 2025.

Par ailleurs, sans lien avec ce mouvement de protestation, Radio France a annoncé la nomination du journaliste Matthieu Mondoloni comme directeur de l’information de France Bleu, à compter du 12 juin. Rédacteur en chef du magazine de reportages de France Inter «Interception», M. Mondoloni, 46 ans, succède à Erik Kervellec. En septembre, une motion de défiance contre la direction de l’information de France Bleu avait été adoptée à 85%, avec 46% de participation, selon les syndicats de journalistes SNJ et SNJ-CGT, qui l’organisaient. France Bleu est dirigé depuis avril par Céline Pigalle, venue de la chaîne télé info BFMTV.