Jean-David BLANC (Molotov) : « Le mélange de chaînes traditionnelles et de contenus AVOD fait la réussite de Molotov »

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La plateforme de streaming Molotov renforce sa stratégie sur l’AVoD avec le lancement de dix chaînes thématiques «Molotov Channels», et de nouveaux partenariats, en complément d’une nouvelle offre publicitaire : Molotov Advertising Network. A l’issue de la conférence qui s’est tenue jeudi dernier, média+ s’est entretenu avec JeanDavid BLANC, Fondateur & PDG chez Molotov.

Molotov a pour ambition de moderniser la distribution de la télévision. Comment accélérez-vous le mouvement ?

Tout d’abord, nous nous positionnons du point de vue de l’utilisateur. On s’est demandé : quel serait le service idéal pour naviguer facilement à travers une offre télévisuelle pléthorique et diversifiée, comprenant des chaînes généralistes et thématiques, gratuites et payantes, en accès linéaire et non linéaire ? Notre vision a été de créer une plateforme qui rend cela possible de manière simple, avec une présentation graphique attrayante. Molotov permet aujourd’hui à l’utilisateur de rechercher facilement parmi cette multitude de contenus et d’y accéder aisément sur tout type d’appareil.

Résultat, vos chiffres sont très bons…

Molotov, c’est 45 millions d’appareils connectés à la plateforme en France. Elle compte 22 millions d’utilisateurs inscrits et près de 400 000 abonnés payants (379 000 précisément au 31 mars 2023) pour ses différents services. En tant que service ouvert, Molotov est accessible depuis tout appareil connecté, indépendamment de l’opérateur télécom ou internet, ce qui lui permet de toucher 100% de la population.

Faire progresser le nombre d’abonnés payants, c’est le nerf de la guerre ?

Non, pas seulement ! Le nerf de la guerre, c’est l’audience. Nous la monétisons de deux manières : grâce aux abonnements à nos contenus payants et par le biais de la publicité. Notre ambition est de renforcer ce modèle hybride. En 2020, nous avions anticipé que les services de streaming gratuits financés par la publicité allaient se développer. C’est ainsi que nous avions lancé le service Mango, qui a connu un succès fulgurant. C’est ce mélange de chaînes traditionnelles et de contenus AVOD, à la fois gratuits et payants, qui fait la réussite de Molotov.

Comment répondez-vous aux évolutions du marché de la vidéo à la demande ?

Notre métier de base repose sur l’agrégation de chaînes, qu’elles soient grandes ou petites. Cependant, le marché de l’AVOD (vidéo à la demande financée par la publicité), bien que récent en France, connaît une explosion aux États-Unis, avec des taux de croissance à deux voire trois chiffres. Parallèlement, la publicité sur le linéaire subit une baisse. Ces tendances sont indéniables. Dès 2020, nous avons compris que, au-delà des chaînes traditionnelles, il était nécessaire d’innover et d’offrir de l’AVOD. En collaborant avec Fubo (qui est devenu propriétaire de Molotov fin 2021, ndlr), nous avons une avance de 2 à 3 ans sur ce qui se profile en Europe. Nous intensifions donc nos efforts dans ce domaine.

Votre service AVOD, Mango, qui a été lancé fin 2020, porte désormais le nom de Molotov Channels… Est-ce correct ?

C’est exact ! Pour accélérer sur le marché, nous avions besoin d’une marque ombrelle : Molotov Channels. Nos études ont montré que la notoriété de «Molotov» était très élevée, tant quantitativement (60% de la population français connaît la marque) que qualitativement. Les adjectifs associés à Molotov sont très positifs : «jeune», «innovant», «moderne», «centré sur le téléspectateur». Molotov Channels regroupe ainsi dix nouvelles chaînes thématiques (Ciné, Séries, Docs, Kids, Sport, Life, Family, Choc, Vintage et Novelas) ainsi que cinq chaines FAST («Starsky & Hutch», «Un gars, Une fille», «Blood », «Alerte à Malibu» et «Culture Pub»). De quoi aujourd’hui proposer plus de 10.000 heures de contenus dans cette offre gratuite. Nous envisageons aussi intégrer de nouveaux contenus exclusifs.

Pourquoi mettre en avant «Channels» alors qu’il s’agit plus de corners ?

Pour différencier la plateforme Molotov des chaînes qu’elle héberge. Aujourd’hui, la distinction entre chaînes linéaires et non-linéaires n’a plus beaucoup de sens. Les contenus sont accessibles partout et à tout moment. Le terme «chaîne» devrait presque être remplacé par «éditeur». En effet, un éditeur choisit une ligne éditoriale qui correspond à son identité, acquiert des programmes en accord avec celle-ci et y appose sa marque. Que les programmes soient diffusés en linéaire ou disponibles à la demande, cela relève avant tout du métier d’éditeur.

Qu’en est-il de votre partenariat avec Fubo dans la production originale ?

 L’acteur et producteur Ryan Reynolds a exprimé son désir de créer une chaîne en collaboration avec Fubo. Cette chaîne proposera des programmes originaux qu’il produit et dans lesquels il jouera, notamment des comédies burlesques et des films d’action. Elle diffusera également des contenus qu’il aura sélectionnés, qui correspondront à son identité. Cette chaîne, accessible à la fois en diffusion linéaire et non linéaire, sera disponible sur les plateformes Fubo et Molotov grâce à cet accord.

Vous avez mentionné la possibilité de créer des chaînes événementielles en 72 heures. Quels types d’événements pourraient bénéficier de cette offre ?

Cela dépend de la chaîne et des annonceurs. Par exemple, si une marque de boissons énergétiques veut créer une chaîne dédiée aux contenus axés sur les sports extrêmes, c’est tout à fait possible. Nous recevons beaucoup de demandes d’annonceurs qui souhaitent investir dans des univers spécifiques et produire des contenus correspondants.