La réforme de l’audiovisuel extérieur français se précise avec la remise prochaine à Nicolas Sarkozy d’un rapport recommandant la création d’une holding coiffant TV5 Monde, France 24 et RFI, tandis que des syndicats de salariés font d’ores et déjà part de leurs craintes. Quatre syndicats de Radio France Internationale (CGC, CGT, FO, SNJ) se sont inquiétés mardi dans un communiqué d’un risque de «démantèlement pur et simple» de leur entreprise et ont demandé à être reçus «en urgence» par leurs ministres de tutelle (Culture et Affaires étrangères). Demandée cet été par le président de la République, la réforme a été préparée par la direction du développement des médias (DDM), la direction de l’audiovisuel extérieur (Quai d’Orsay) et l’Agence des participations de l’Etat (Bercy), avec l’appui de deux cabinets conseil. Les administrations ont travaillé ensemble dans le cadre d’un comité de pilotage, placé sous la houlette de Georges-Marc Benamou, conseiller de Nicolas Sarkozy pour l’audiovisuel et la culture. Un volumineux rapport a été finalisé ces derniers jours et doit être remis sous peu à Nicolas Sarkozy. Il dessine «un cadre» pour la réforme qui devrait s’étaler sur trois ans, selon une source proche du comité de pilotage. L’idée phare consiste à créer en 2008 une holding qui coifferait TV5 Monde, France 24 et RFI, les trois entités, devenues filiales, gardant leur marque propre, ajoute cette source. Le président de cette holding, qui pourrait être désigné assez vite, serait doté d’«une feuille de route», à charge pour lui de mener à bien progressivement la réforme. La holding centraliserait les financements de l’audiovisuel extérieur (actuellement de 360 millions d’euros par an) et les redistribuerait ensuite aux trois entités, selon cette source. Cette structure reprendrait les participations détenues par le groupe public France Télévisions dans la chaîne d’information en continu France 24 (50% du capital) et dans TV5 Monde. Dans une phase transitoire, un ou des groupements d’intérêt économique (GIE) pourraient être constitués pour «mutualiser» les moyens et faire travailler ensemble les rédactions et les services. Cela se ferait «sur la base du volontariat», souligne une autre source proche du dossier. La France doit «produire plus d’images» pour affronter la concurrence des chaînes anglosaxones ou arabophones, relève cette source. Une «news room Internet» commune pourrait être créée rapidement afin d’alimenter un grand portail. Par la suite, cela pourrait déboucher sur la création d’une «usine de traitement de l’information» (vidéos, sons, Internet), les chaînes gardant la responsabilité éditoriale de leur produit, selon la source proche du comité de pilotage. La holding aurait vocation à centraliser les services administratifs et logistiques mais aussi les fonctions de commercialisation et de diffusion des trois entités. Sans recommander une fusion pure et simple, la réforme proposée à Nicolas Sarkozy pousse assez loin le rapprochement progressif des trois sociétés qui composent l’audiovisuel extérieur. Reste à savoir comment les partenaires francophones de TV5 Monde (Belgique, Suisse, Québec, Canada, Organisation internationale de la francophonie) vont réagir. Ils avaient exprimé leurs inquiétudes lors d’une réunion à Lucerne le 9 novembre. La France doit leur présenter à la mi-décembre un rapport d’explication sur l’avenir de TV5.