Le «projet d’autonomisation» des radios de Lagardère (la généraliste Europe 1 et les musicales Europe 2 et RFM) a franchi une étape en étant autorisé «à l’unanimité» par le conseil d’administration du groupe de médias, a annoncé celui-ci mardi.
Depuis l’année dernière, le groupe dirigé par Arnaud Lagardère est détenu à 57% par le géant des médias Vivendi (Canal+, Havas, Editis, Prisma Media), contrôlé par le milliardaire Vincent Bolloré.
Ce dernier n’a jamais caché son intérêt pour la radio Europe 1, dont l’audience ne cesse de s’éroder, et négocie actuellement avec Bruxelles les conditions pour mettre officiellement la main sur le groupe.Pour rassurer les journalistes inquiets d’une main-mise de Bolloré sur la ligne éditoriale, Arnaud Lagardère avait présenté en mai 2022 un «projet visant à confirmer l’autonomie» de son pôle radio, qui serait regroupé dans une «société en commandite par action» qu’il commanderait.
«Arnaud Lagardère serait indirectement associé commandité et personnellement gérant», détaille le groupe dans son communiqué. Il «serait seul responsable de la supervision des dirigeants et équipes du pôle radio et décisionnaire ultime sur la politique éditoriale», ajoute-t-il. Pour Arnaud Lagardère, héritier de l’industriel Jean-Luc Lagardère qui avait pris la direction d’Europe 1 en 1974, «ce projet de «sanctuarisation» des radios s’inscrit dans la volonté maintes fois affirmée de maintenir l’intégrité et la pérennité du groupe Lagardère, dans l’intérêt de l’ensemble de ses parties prenantes et notamment de ses salariés», a-t-il déclaré, cité dans le communiqué.
L’opération vise également à faciliter l’obtention d’un agrément de l’Arcom (ex-CSA), nécessaire en cas de changement d’actionnariat indirect des radios. Mais le projet est bloqué depuis des mois par le bras de fer entre Vivendi et les autorités européennes de la concurrence sur les «remèdes» nécessaires pour préserver les marchés de l’édition et de la presse people.
Mardi matin, Vivendi s’est finalement résolu à céder en totalité sa filiale Editis, numéro deux français de l’édition, à l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky, afin d’être autorisé à mettre la main sur le concurrent Hachette. Les représentants des salariés au conseil d’administration de Lagardère, qui soutiennent le projet qui leur a été présenté durant l’été par le PDG, sollicitent désormais un entretien avec l’Arcom. L’«interminable attente» suscite en effet des «inquiétudes» dans toutes les filiales du groupe Lagardère, a expliqué l’administrateur Pascal Jouen. Face à l’arrivée de Bolloré, «les gens se demandent si ça va purger», a-t-il ajouté.