Procès Wirecard: la défense s’évertue à démonter les accusations envers l’ex-patron de la société de paiements en ligne

L’avocat de Markus Braun, l’ex-patron de Wirecard jugé à Munich pour de multiples fraudes ayant mené à la faillite de cette société de paiements en ligne, s’est évertué lundi à démonter les accusations envers son client, jusqu’à demander la suspension du procès.

«Braun, le «criminel en col blanc», le «plus grand escroc», le «chef de gang ou le PDG le plus stupide de tous les temps» : au cours de mes 30 années d’expérience je n’ai jamais connu de procédure dans laquelle un client n’a été autant jugé par avance», a lancé l’avocat de M. Braun, Alfred Dierlmann, lors de la deuxième audience du procès fleuve qui s’est ouvert la semaine dernière.

Ce procès intervient deux ans et demi après la retentissante faillite du prestataire de paiements, qui vaut à l’ancien Président Directeur Général de 53 ans d’être jugé comme le principal responsable d’un scandale financier sans précédent en Allemagne.

Wirecard a coulé en Bourse en juin 2020, après que ses dirigeants ont avoué que 1,9 milliard d’euros d’actifs supposés se trouver sur des comptes en Asie, soit un quart de la taille du bilan, n’existaient pas en réalité. Les actifs en question: de l’argent placé sous séquestre sur des comptes de Wirecard, issu de commissions sur des paiements prélevées par des entités tierces détentrices d’une licence d’exploitation. Ces versements par de prétendus tiers n’ont jamais existé, mais ont été inventés pour grossir le bilan de l’entreprise et la rendre ainsi attractive pour les investisseurs, selon l’accusation.

L’activité avec les tiers a bien existé, a rétorqué Me Dierlmann, qui en veut pour preuve des versements «d’entreprises du secteur numérique au sens large» portant sur «un milliard» et qui ont été «documentés de 2016 à 2020». Mais le tribunal ne s’y est pas intéressé à ce jour, a-t-il déploré.

Mais une «part très importante» de ces sommes ont été «transférées à des sociétés fantômes», a assené l’avocat, qui pointe ici du doigt la responsabilité d’un autre membre de la direction, également jugé. L’argent est arrivé à hauteur de «750 millions d’euros» sur «quatre sociétés de détournement de fonds», qui étaient «principalement sous contrôle d’Oliver Bellenhaus», l’ancien directeur d’une filiale basée à Dubaï, selon l’avocat. M. Bellenhaus a déjà reconnu des fraudes pendant l’enquête et est également jugé à Munich.

L’homme a-t-il agi hors du contrôle de M. Braun? «Pas un des 450 témoins interrogés durant l’enquête n’a affirmé que M. Braun avait connaissance des manipulations», et «aucun mail» ne le mentionne, a clamé Me Dierlmann. Markus Braun a, selon lui, a «supposé l’existence de l’argent jusqu’à la fin». Très offensif, l’avocat a déposé lundi une demande de suspension de la procédure, entachée selon lui de nombreuses irrégularités. M.Braun, vêtu comme jeudi d’un pull à col roulé assorti à son costume sombre, ne s’exprimera pas à ce stade sur les accusations portées contre lui, a indiqué son avocat.