Revenus en baisse, bénéfice net divisé par deux, stagnation du nombre d’utilisateurs: Meta, (Facebook, Instagram, WhatsApp) traverse une mauvaise passe, mais son patron Mark Zuckerberg ne démord pas de son Graal, bâtir le métavers. Le groupe californien a vu son bénéfice net fondre à 4,4 milliards de dollars au 3ème trimestre (-52% sur un an) et son c.a. baisser de 4%, à 27,7 milliards de dollars. «Nous affrontons un environnement macro-économique instable, une concurrence accrue, des problèmes de ciblage publicitaire et des coûts accrus pour nos investissements de long terme, mais je dois dire que nos produits ont l’air de s’en sortir mieux que certains commentaires ne le suggèrent», a tenté de tempérer Mark Zuckerberg mercredi, pendant la conférence aux analystes. Peine perdue: Meta plongeait de 12% après la publication des résultats, puis de 19% après la conférence, lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York. Le géant des réseaux sociaux «se tient sur des jambes chancelantes», a réagi Debra Aho Williamson, analyste d’Insider Intelligence. La décision du dirigeant «de concentrer son entreprise sur la promesse future du métavers a détourné son attention de la dure réalité actuelle». La société inquiète les marchés depuis le début de l’année, quand le groupe avait annoncé pour la 1ère fois avoir perdu des utilisateurs sur son réseau social d’origine, Facebook. En tout, quelque 3,71 milliards de personnes utilisent au moins un des services de l’entreprise (réseaux sociaux et messageries) tous les mois, soit seulement 1,6% de plus qu’avant l’été. Il y a un an, Facebook devenait Meta et se projetait vers un avenir glorieux où ses utilisateurs pourraient se retrouver dans le métavers, un univers parallèle décrit comme l’avenir d’internet. Mais «Meta en 2022 n’a plus grand-chose à voir avec Facebook il y a un an», a assené Debra Aho Williamson. «L’entreprise n’est plus avant-gardiste en matière d’innovation, son emprise sur son marché s’amoindrit, et la promesse du métavers, au coeur de la vision de Mark Zuckerberg pour l’avenir de son entreprise, fait face à l’apathie des consommateurs, au scepticisme des professionnels et aux réalités d’une économie mondiale en déclin». Comme Google (Alphabet), Meta subit l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, qui conduisent de nombreux annonceurs à revoir leur budget marketing à la baisse. Au 3T, le géant de la recherche en ligne a réalisé la plus faible croissance de son c.a. depuis 2013, hormis le début de la pandémie. Les nouvelles règles d’Apple, qui obligent les applications à demander la permission des utilisateurs pour les suivre à la trace et leur envoyer des pubs, ont aussi beaucoup compliqué la tâche de Facebook et d’Instagram. Lundi, le fabricant de l’iPhone a en outre annoncé que les achats de «boosts», ces outils qui permettent de promouvoir un contenu sur des réseaux sociaux, seraient désormais traités comme des dépenses dans l’application, au même titre que les achats de bonus dans des jeux vidéo, par exemple. Or Apple prélève une commission de 30% sur ces dépenses dans les applications. Meta va donc perdre une partie de ses recettes publicitaires sur Facebook et Instagram. Le groupe a peu de recours contre le contexte économique mondial ou son puissant voisin à la pomme, mais Mark Zuckerberg s’est félicité des progrès des «reels», un format de vidéos courtes copié à la très populaire TikTok. «Plus de 140 millions de reels sont jouées sur Facebook et Instagram chaque jour, soit 50% de plus qu’il y a six mois», a-t-il annoncé. «Et nous pensons que nous gagnons des parts de marché de temps passé (sur nos applis) à des concurrents comme TikTok». Il a aussi précisé que les effectifs du groupe ne devraient pas augmenter d’ici la fin 2023, voire même diminuer légèrement. Meta comptait quelque 87.000 employés dans le monde au 30 septembre.