Fondé en 2013 par des vétérans de l’industrie, M.E.I. Group a conçu la solution cloud OKAST pour les acteurs de l’industrie (chaîne de télévision, producteur, pure player web). Cet outil permet de déployer facilement une plateforme de streaming et de live audio/vidéo, une chaîne FAST, et de monétiser les catalogues audio, vidéo et live. Elle fournit depuis l’architecture, la plateforme et le design du streaming jusqu’aux applications TV et mobiles, ainsi que la gestion complète des systèmes de paiement, de la publicité et des logiciels de gestion incluant la gestion de contenu, le CRM utilisateur et l’analyse. Entretien avec Cédric MONNIER, Directeur général de OKAST.
Comment OKAST se positionne-t-il aujourd’hui sur le marché audiovisuel ?
Cela fait 25 ans que je travaille pour le secteur de la télévision. Avec plusieurs vétérans de l’industrie, on a monté OKAST il y a bientôt 10 ans (en même temps que l’arrivée de Netflix en France). Nous voulions créer les outils que nous aurions aimé avoir par le passé quand nous étions gestionnaires de chaînes, de plateformes ou distributeurs. Notre ambition a été de concevoir une solution simple et abordable aux non experts technologiques pour éditer rapidement des plateformes de streaming personnalisables. On se positionne ainsi comme une courroie de transmission entre l’audience et les fabricants de contenus.
A l’heure de la saturation du marché de la SVOD, y’a-t-il encore de la place pour les plateformes de streaming vidéo ?
Bien sûr, car on ne se positionne pas sur le terrain des plateformes très grand public. OKAST édite les plateformes spécialisées et de niche (ce qui ne veut pas nécessairement dire petites). Tous nos clients possèdent une expertise, un univers éditorial et des contenus que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Parmi les 400 plateformes que nous faisons tourner, il n’y en a que deux ou trois (en Allemagne et en Suisse) qui sont généralistes. Tout le reste sont des plateformes avec des verticales très identifiées. C’est le cas de MCS Extrême qui retransmet 90% de live avec des compétitions de sports extrêmes. De la même façon, nous avons créé pour Quincy Jones une plateforme qui s’appelle Qwest TV. Elle se définissait à l’époque comme le Netflix du jazz, elle traite aujourd’hui de plus de musiques. Certains de nos clients ont des prix d’abonnement deux fois plus chers que chez Netflix. Dès que l’on entre dans la sphère de la passion, le consommateur a cette capacité à investir plus. Le taux de désabonnement est d’ailleurs extrêmement faible. Pays par pays, domaine par domaine, sujet par sujet, il y a encore énormément de place. On assiste même à un phénomène d’accélération.
Quel est le coût de la fabrication d’une plateforme de streaming ?
Le prix ne dépend pas du projet. Nous avons un modèle par abonnement, avec une grille de tarifs qui est publique. Dans l’industrie, nous sommes les seuls à le faire. Cette grille tarifaire est construite sur différents facteurs parmi lesquels la taille de l’audience. Cela permet à nos clients de démarrer à un prix très réduit (29€/mois plus une commission sur les abonnements). Le tarif augmente en fonction du succès de nos clients. Voilà pourquoi nous sommes dans une logique d’accompagnement avec la possibilité de démarrer avec un site, puis une application mobile et TV et ou une chaine FAST.
Quelle est la nature de votre partenariat avec le Groupe SECOM ?
Cela fait 3 ans que nous travaillons avec le Groupe SECOM qui exploite cinq chaînes de télévision avec neuf versions distribuées dans 98 pays (dont Museum TV, MyZen TV, Melody). Ils nous ont choisi pour construire leur offre OTT. Forts de notre collaboration sur les chaînes thématiques, OKAST et SECOM ont annoncé en mai dernier la création d’un consortium européen, FAST4EU, pour accélérer le développement des chaînes FAST en Europe et à l’international. Ce sont des chaînes linéaires avec de la publicité sur les tv connectées. Cela a amené à la création et lancement de la chaine Le Figaro Live qui sera suivi par d’autres.
Lancer des chaînes linéaires, c’est paradoxal à notre époque !
Oui, mais toute la logique des chaînes thématiques du câble ressuscite à travers ce modèle avec une économie d’échelle beaucoup plus forte. Les téléviseurs connectés ont aussi pris leur essor. En allumant son téléviseur Samsung, la page d’accueil propose des chaînes qui ne sont même pas celles de la TNT. Les chaînes FAST, c’est le meilleur de la TV (pour les programmes) et le meilleur d’internet (pour la partie publicitaire en programmatique). OKAST et SECOM ont su convaincre Le Figaro de l’opportunité que représente le format FAST. Les 5 heures de direct par jour et les plus de 30 VOD quotidiennes réalisées par Figaro Live vont ainsi pouvoir atteindre de nouvelles audiences avec sa présence en télévision.
Les chaînes FAST, c’est vraiment rentable ?
Toutes celles que nous avons lancées (et il y en aura 25 nouvelles d’ici la fin de l’année) sont généralement rentables au bout de quelques mois.
Quel est le futur d’OKAST ? Notre ambition est de devenir la solution technologique de streaming leader en Europe. Sur les 3 années à venir, nous sommes financés par l’Union Européenne pour développer des solutions et des contenus pour le modèle FAST de façon à ce que l’ensemble de la chaîne de valeur soit faite avec des acteurs européens. Le deuxième objectif est de miser sur la convergence des usages pour retrouver au même endroit du linéaire, du non linéaire, et un accès à des services, des personnes ou des produits connexes et en intégrant le web3.