F. DE VINCELLES (6play) : «Grâce au streaming, la télévision a dorénavant un terrain d’expression infini»

593

6play, la plateforme gratuite (AVOD) du Groupe M6, continue de grandir (18 millions d’utilisateurs/mois) en proposant un line-up encore plus ambitieux. Des programmes originaux, une offre de cinéma et des événements en direct. Entretien avec Frédéric de VINCELLES, Directeur général de 6play.

Face à la montée en puissance du streaming, comment positionnez-vous 6play ?

Le streaming est au cœur de la stratégie du Groupe M6 qui a toujours été precurseur en matière digitale. 6play s’inscrit comme une plateforme unique qui regroupe à la fois l’ensemble des programmes de nos chaînes mais aussi des contenus additionnels. C’est un vrai lieu de divertissement. 6play a opéré une mue ces derniers mois pour passer d’un service de replay à une plateforme de vidéos gratuites à la demande. Cette stratégie streaming est totalement imbriquée à celle des antennes.

Que vient chercher votre public ?

La consommation sur 6play se fait encore majoritairement avec le replay. Notre travail est de faire en sorte que les gens consomment des contenus supplémentaires. Nous le faisons de deux façons : soit en achetant des programmes, soit en produisant des programmes originaux. 

Que recherchez-vous à produire ?

Des contenus d’abord rattachés aux programmes de nos antennes. Des spin-off en quelque sorte comme «À la table des Top Chef» (Studio 89), une immersion dans l’univers de 10 chefs issus des rangs de «Top Chef». Nous produisons aussi des programmes totalement décorrélés des chaînes linéaires. C’est le cas de la série «Or Noir» (Black Vision – 10X15’) dont la saison 3 arrivera prochainement sur 6play, ou du retour de «Fan 2» (Studio 89 – 5X10’).

Quelle est votre politique d’Originals ?

Nous préférons qualifier cette stratégie d’«Extented», à savoir des contenus additionnels à ceux du linéaire. D’un côté, il y a des programmes originaux spécifiquement conçus pour la plateforme. C’est le cas de «Pom Pom Boys» (Sparkle Media), une série-documentaire de 4X25’ où nous allons suivre le quotidien de pères de famille qui ont créé la première équipe de Pom Pom Boys de France. Dans cette politique d’«Extented», il y a aussi des achats de fictions et de catalogues. Nous avons par exemple acquis une centaine d’heures de contenus de Vice (dont la distribution s’arrêtait sur myCANAL). Nous avons mis en place un corner pour offrir le meilleur de leur contenu. Il y a aussi d’autres partenaires avec qui nous sommes en discussion.  

Quel volume ces programmes additionnels représentent-ils ?

Près de 4.000 heures de programmes. La grande partie du volume est composée de séries intégrales comme «The Good Wife», «Charmed», «Parker Lewis», «Demain à la Une» ou encore «Détective Conan». Nous achetons dans tous les genres, y compris des télénovelas. Jusqu’à présent en linéaire, les tentatives autour de ces soaps étaient des échecs car ils s’adressent à un public souvent trop restreint pour une chaîne historique (près de 200.000 aficionados en moyenne). En revanche, si vous proposez des télénovelas de 300 à 400 épisodes, à 200.000 personnes en digital, cela commence à devenir intéressant. C’est toute la différence entre le broadcast où vous vous adressez au plus grand nombre, et l’unicast où vous travaillez des communautés.

Comment évolue l’offre cinéma de 6play ?

Lancée il y a 1 an, l’offre cinéma avait alors valeur de test. Nous avions en effet acheté une cinquantaine de films pour voir si le volume de vidéos vues par long métrage permettait de compenser leur prix d’acquisition. Les bons résultats nous poussent à développer l’offre.

Réfléchissez-vous à une option payante sans pub ?

On y réfléchit pour répondre à tous les usages

Des contenus exclusifs diffusés en direct, vous y pensez ?

C’est une de nos spécificités à travers « Le Live by 6play ». Cette chaîne propose des programmes en direct : combats de MMA, concerts, shows de stand-up et même des échauffements de l’équipe de France avant leurs matchs. On a vocation à faire encore plus de direct. En l’occurrence, nous avons des projets de Slow TV. Je cherche activement des projets forts, excitants et marquants que nous pourrions faire en direct.  

Et les chaînes éphémères ?

On va en créer quelques-unes en fonction de thématiques, d’événements (Halloween, Noël…) ou d’univers de marques (programmes, animateurs…). Cela répond à un nouveau besoin du public qui veut se laisser porter par le flux d’une chaîne. Grâce au streaming, la télévision a dorénavant un terrain d’expression infini pour continuer à toucher tous les publics au-delà des chaînes.