Netflix a consommé près de 20% du trafic internet français en 2021, a révélé jeudi l’autorité de régulation des télécoms (Arcep), et le géant américain du streaming creuse l’écart avec les autres fournisseurs de contenus, appelés en Europe à participer au financement du réseau.
En 2021, «51% du trafic vers les clients des principaux fournisseurs d’accès à internet (FAI) en France provient de 5 fournisseurs: Netflix, Google, Akamai, Facebook et Amazon», selon le rapport sur l’état d’internet en France.
Cette consommation très importante des ressources du réseau par les principaux acteurs du streaming vidéo (le distributeur de contenus Akamai est notamment utilisé par Disney+) est connue depuis des années, mais Netflix continue de creuser l’écart.
Google et sa plateforme Youtube utilisent un peu plus de 10%, Facebook et Amazon (Prime) à peine plus de 5%, selon les données de l’Arcep. Conséquence de la boulimie de films sur catalogue et séries par abonnement, TV en rattrapage et vidéos sur les réseaux sociaux ou publicités, le trafic internet mondial était composé cette même année pour 53,7% de trafic vidéo, rappelle l’Arcep en citant des données de la société Sandvine. La nécessité d’avoir une latence (délai de transmission) la plus faible possible a conduit plusieurs de ces acteurs, surtout américains, à s’équiper de leur propre infrastructure de distribution, de sorte à rapprocher leurs contenus des usagers, et à optimiser les formats de compression.
Toutefois, avec l’augmentation de l’usage de la télévision en streaming et l’augmentation de la résolution des écrans, le trafic ne cesse d’augmenter, et a atteint 35,6 térabits par seconde en 2021, en hausse de 25,3% sur un an, indique l’Arcep. La situation a conduit récemment des membres de la Commission européenne à ressusciter l’idée de faire payer les «Gafa» pour leur utilisation des réseaux télécoms. «C’est désormais l’un des principaux chantiers de notre espace numérique», avait déclaré en mai sur Twitter le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, qui prépare un projet législatif dédié pour la fin de l’année.
Le sujet fait toutefois grincer les fournisseurs de contenus concernés, qui considèrent que les opérateurs sont déjà rémunérés par leurs clients, et certaines associations européennes de défense des droits numériques qui s’inquiètent d’un impact sur la neutralité du net. Ce principe, inscrit en 2016 dans le droit de l’Union européenne, garantit une égalité de traitement et d’acheminement de tous les flux d’informations sur internet.