Dans le cadre de sa transformation numérique, le CNC a ouvert la plateforme des Registres du cinéma et de l’audiovisuel (RCA) où les professionnels peuvent déposer leurs dossiers en ligne. L’occasion de nous entretenir avec Vincent FLORANT, Directeur du numérique au CNC.
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Dans quelle mesure les RCA dématérialisés sont-ils une première étape au service de la transparence effective de la filière ?
Vincent FLORANT
C’est une étape très importante ! Les enjeux de transparence pour la filière sont immenses car ils permettent d’attirer des investisseurs privés. A l’heure où les modèles de financements changent avec notamment l’arrivée des plateformes de streaming, cette dimension de transparence est nécessaire. Les plateformes ont été intégrées dans notre modèle à la française. Elles ont dorénavant des obligations de financement. Mais pour que des investisseurs externes au système puissent s’y intéresser, il faut davantage de transparence. Notre travail s’est donc focalisé sur les RCA. C’est un outil formidable qui existe depuis une loi de 1944, mais qui devait être mis au goût du jour. Après 78 ans de dépôts au format papier, la plateforme https://rca.cnc.fr/ permet dorénavant le dépôt en ligne des demandes d’enregistrement aux RCA (immatriculation, changement de titre, levée d’option, inscription, publication, renouvellement, radiation) via des formulaires auxquels peuvent être joints les actes et documents requis. Sur la plateforme, chaque demandeur dispose d’un tableau de bord permettant de visualiser l’état d’avancement de l’ensemble de ses demandes en cours et achevées. Depuis l’automne 2021, les dépôts sont 100% dématérialisés. A partir de l’automne 2022, la consultation gratuite sera illimitée. C’est un chantier gigantesque mené à bien par le travail des équipes du secrétariat général avec le soutien de la direction du numérique au CNC.
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Quels sont les premiers retours ? Avez-vous des objectifs chiffrés ?
Vincent FLORANT
Les premiers retours sont très bons. Nous le voyons à la fois quantitativement et qualitativement. Entre mi-septembre et fin 2021, nous avons répertorié plus de 4.200 demandes d’enregistrements déposées, un volume équivalent à celui du papier. Il y a aussi beaucoup de fluidité et de renouvellement de comptes (+ de 800 producteurs, distributeurs, Sofica,…). Cela prouve que la filière a adopté ce service. Nous avons des retours qualitatifs de la part de professionnels qui nous disent que «ça change leur vie». On ne se fixe pas d’objectifs chiffrés sur son utilisation. Mais à partir de l’automne 2022, avec la mise en place de la consultation gratuite, les volumes de demandes vont augmenter.
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Quel est votre projet autour de la technologie du blockchain ?
Vincent FLORANT
L’idée est de s’intéresser au cheminement de la remontée de recettes pour tous les ayants-droits d’un film : des entrées dans les salles, jusqu’aux ventes à la TV, en passant par les mandats internationaux. Il y a beaucoup de maillons dans cette chaîne de valeur. Chacun se regarde parfois en chien de faïence avec la crainte que tout ne soit pas absolument transparent. Notre ambition là-dessus est de faire une remontée de recettes, entièrement numérique et en temps réel. Tous ceux qui investissent dans une œuvre suivront ainsi les recettes générées et combien ça leur revient en toute transparence. En profitant des registres qui ont été entièrement dématérialisés, et en profitant d’une autre plateforme, Cinedi, éditée par le CNC, qui gère la remontée des bordereaux entre les salles et les distributeurs, nous allons entamer une discussion d’ici l’été avec les professionnels de la filière (exploitants, auteurs, producteurs, distributeurs, …) et les start-ups (éditeurs de logiciel, entreprises technologiques). Avec ces trois parties prenantes, nous voulons monter collectivement un grand projet de remontée de recettes entièrement numérique, en temps réel.
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Le CNC se transforme numériquement, quelles sont les prochaines étapes ?
Vincent FLORANT
Celle que je viens de vous citer ci-dessus. Rappelons que la direction du numérique a été créée en 2019 pour regrouper à la fois tous les enjeux numériques des filières et pour assurer la transformation numérique du CNC (organisation des commissions à distance, dépôt de dossiers,…. ).