Bissau: des hommes armés encagoulés attaquent une radio critique du pouvoir

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Des hommes armés encagoulés ont saccagé lundi à Bissau les locaux d’une radio privée critique du pouvoir et malmené ses responsables, faisant au moins une blessée, a indiqué un de ses cadres. Les auteurs de cette attaque n’ont pas été identifiés. Elle est survenue dans une atmosphère volatile, moins d’une semaine après ce qui a été présenté par les autorités comme une tentative de coup d’Etat contre le pouvoir en place dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest à l’histoire politique troublée. «Des hommes armés sont arrivés à bord d’un 4×4 et d’une jeep. Ils ont commencé à tirer. Ils m’ont obligé à me mettre à genoux et ils m’ont frappé avec la crosse de la kalachnikov. Une collègue a été blessée en essayant de s’enfuir», a dit un responsable de Capital FM sous le couvert de l’anonymat. «Notre matériel a été détruit. On a cessé d’émettre», a-t-il ajouté. Capital FM est une station réputée proche du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), principal parti d’opposition au président Umaro Sissoco Embalo. Elle est connue pour ouvrir son antenne aux adversaires du chef de l’Etat. La Guinée-Bissau a été le théâtre la semaine passée de ce qui a été qualifié de tentative de coup d’Etat imputée par les autorités à des militaires. Le mystère demeure sur les auteurs du dernier coup de force en date dans ce pays à l’instabilité politique chronique, où l’armée joue un rôle prééminent. Onze personnes avaient été tuées dans cet assaut, selon le gouvernement. Le PAIGC, formation dominante depuis que la Guinée-Bissau a conquis son indépendance du Portugal en 1974, avait rapporté samedi que les forces de l’ordre avaient fait irruption à son siège et avaient empêché la réunion de délégués de tout le pays. La Guinée-Bissau occupe la 95e position sur 180 pays dans l’édition 2021 du Classement mondial de la liberté de la presse établi par l’ONG RSF.