Des interviews décalées de candidats à l’élection présidentielle suscitent la grogne chez France Inter

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De courtes interviews de candidats à l’élection présidentielle diffusées par France Inter sur les réseaux sociaux suscitent la grogne en interne, notamment d’un syndicat de journalistes de Radio France qui demande mercredi à la direction de «corriger le tir». Lancées à la mi-janvier par France Inter sur les réseaux sociaux, les «interviews Première fois» de prétendants à l’Elysée «suscitent de nombreuses réactions négatives», pointe le Syndicat national des journalistes (SNJ) de Radio France dans un communiqué. Particulièrement depuis la diffusion le 19 janvier de celle de Marine Le Pen où, dans une vidéo d’environ deux minutes rythmée par des questions sur ses premières fois, la présidente du Rassemblement national se raconte de façon plus décalée et intime. «Le saviez-vous? Marine Le Pen n’est pas seulement une femme politique, candidate du Rassemblement national à la présidentielle, elle est aussi +éleveuse de chats+. Vous l’ignoriez sans doute: Anne Hidalgo a du mal à courir, lorsqu’elle chausse des «sabots»», ironise le SNJ. Si «sur la forme, ces vidéos, volontairement décalées par rapport aux entretiens politiques classiques, peuvent sembler anodines voire sympathiques» et attirer un nouveau public, sur le fond, le syndicat dit s’interroger «sur leur pertinence dans le contexte actuel de défiance vis-à-vis du service public de l’information». «France Inter prête le flanc à la critique», constate le SNJ. Sur les réseaux sociaux, la première radio de France est «accusée de «banaliser l’extrême droite», de la rendre «sympathique», ou de céder à la mode de «la peopolisation du politique»», énumère l’organisation syndicale, jugeant ces vidéos «contreproductives». Pour éviter que «ces vidéos ne sombrent pas dans l’anecdotique et la complaisance», le SNJ demande à la direction de France Inter «de corriger le tir». Sollicitée, la direction de France Inter a dit «entendre les critiques». «Elles font toujours avancer» et cela «nous fait réfléchir sur l’écriture de ces nouveaux formats» à destination d’un nouveau public, a déclaré Laurence Bloch, numéro un de la station. «Je trouve seulement tout à fait injuste, à l’égard de tout le travail que fournit la rédaction de France Inter précisément sur cette présidentielle (…), le fait que l’on ne pointe que ce format-là qui, effectivement, laisse à désirer», a-t-elle poursuivi. Ces vidéos courtes seront maintenues, a-t-elle précisé, mais «on sera extrêmement vigilants sur les prochaines».