Comment contrôler les temps de parole des candidats, officiels ou présumés, dans les médias à l’approche de l’élection présidentielle? La diffusion mercredi sur TF1 et LCI d’un grand entretien d’Emmanuel Macron ravive les débats sur la question, hautement sensible. Les prises de parole et déplacements du chef de l’État, qui n’a pas encore officialisé sa candidature, agitent l’opposition qui l’accuse de faire ainsi campagne en dehors du décompte du temps de parole.
– En temps normal: En temps normal, hors période électorale comme c’est le cas actuellement, la règle est de donner la parole un tiers du temps à l’exécutif, c’est-à-dire le président de la République, ses collaborateurs et les membres du gouvernement. La parole d’Emmanuel Macron n’est ainsi décomptée que quand elle relève du «débat politique» et non pas lorsqu’elle a trait à ses fonctions de président. Son entretien à TF1 et LCI est ainsi défendu par ses soutiens comme une prise de parole «légitime» en tant que président, sur son bilan et la crise que traverse le pays. Les deux tiers restants sont affectés aux partis politiques, y compris ceux issus de la majorité présidentielle, selon leur représentativité.
– Des règles spécifiques avant l’élection présidentielle : A partir du 1er janvier et jusqu’au scrutin des 10 et 24 avril, s’appliqueront des règles spécifiques. En plus du «temps de parole», que les télés et radios doivent décompter, apparaîtra le «temps d’antenne», une notion uniquement utilisée pour la présidentielle. Ce temps plus large comprend la parole du candidat et tout ce qu’il y a autour, comme la description par un journaliste d’un meeting par exemple. Du 1er janvier au 27 mars, le «principe d’équité» du temps de parole et du temps d’antenne devra être respecté, selon le poids politique de chacun. A partir du 8 mars, date à laquelle les candidatures officielles seront connues, ce «principe d’équité» sera renforcé par la mention de «conditions de programmation comparable». Le CSA recommande que chaque candidat et ses soutiens aient accès aux 4 tranches horaires (matin, journée, soirée, nuit) de manière équitable. Ainsi, une chaîne ne pourra pas passer seulement la nuit des meetings d’un candidat avec lequel elle a peu d’affinité.
– Le principe d’«égalité», juste avant le scrutin : Durant la dernière période avant le scrutin, ce que le CSA décrit comme la «campagne électorale», soit les deux semaines précédant le premier tour, le principe d’«égalité» du temps de parole et d’antenne accordés aux candidats et leurs soutiens -avec le même accès aux tranches horaires- deviendra la règle et non plus celui d’«équité». «A compter du lundi suivant le premier tour jusqu’au vendredi inclus précédent le second tour, le principe d’égalité doit» aussi être respecté entre les deux candidats restants, écrit le CSA. Une période de réserve sera aussi observée la veille et le jour de l’élection, aucune parole de candidat ne sera possible à l’antenne.
– Le cas complexe du président en campagne : En période électorale, «si le président est candidat déclaré ou présumé, toutes ses interventions relevant du débat politique, sont sauf circonstances exceptionnelles, prises en compte», explique le CSA. Or, le tri n’est pas toujours facile à faire et particulièrement au premier semestre 2022, où la France occupe la présidence tournante de l’UE, ce qui va de facto propulser Emmanuel Macron sur le devant de la scène.Selon les recommandations du CSA, les interventions du président qui relèvent de la présidence de l’UE ne sont pas prises en compte, «à l’exception de celles qui sont susceptibles, en fonction du contenu et du contexte, de relever du débat politique».
– Des décomptes faits par les médias : Ce sont aux grandes chaînes et stations, comme France TV, CNews ou RTL, d’assurer les décomptes des temps de parole sur leurs antennes et de les transmettre au CSA.