S. VASSEUR (Sacem) : «Plus de 8 Français sur 10 estiment que la musique renforce les liens sociaux»

647

Désireuse de contribuer à la réflexion des acteurs publics et privés sur la vie musicale en France, la Sacem publie l’étude «Les Français et la musique dans les territoires», qu’elle a commandée à l’Institut OpinionWay. Détails avec Stéphane VASSEUR, Directeur du réseau régional de la Sacem.

media+

La musique est-elle toujours un élément essentiel de la vie des Français ?

Stéphane VASSEUR

Oui, bien entendu ! Le premier enseignement de cette étude, c’est l’attachement profond des Français à la musique, à la fois en termes d’accompagnement de leur vie sociale, de moments festifs mais aussi d’expériences partagées et de pratiques. Les Français et la musique, c’est une vraie relation «passionnelle», qui n’est d’ailleurs pas que conjoncturelle post crise. Cette étude confirme aussi ce que mes équipes vivent au quotidien partout en France, c’est-à-dire un véritable attachement des Français à partager des moments de musique. La pratique musicale se maintient et elle est conditionnée par l’investissement des collectivités locales. Nous sommes très investis sur la musique à l’école, notamment.

media+

Il existe des fractures territoriales autour de la musique. Comment cela se caractérise ?

Stéphane VASSEUR

La fracture est caractérisée par un accès plus difficile à la musique, en fonction de l’éloignement des grands centres urbains. Les producteurs de musique ont tendance à concentrer leur offre sur des bassins de population larges et sur des salles à jauges importantes. C’est un métier à rentabilité très limitée. Plus la jauge de la salle est en capacité d’accueillir des spectacles, plus la rentabilité est assurée. Néanmoins, la rentabilité structurelle ne compense pas l’émergence d’une offre numérique. L’écoute à l’acte est importante, mais le live stream qui a occupé le terrain pendant le confinement ne permet pas d’atteindre des publics éloignés de l’offre.

media+

Quel est l’enjeu de la Sacem ? Faire rayonner toutes les musiques sur tous les territoires ?

Stéphane VASSEUR

C’est exactement notre démarche ! Il s’agit d’un enjeu de diversité. De très nombreux créateurs sont en région, et pas seulement à proximité de Paris. La création s’exprime partout. Chacun doit avoir sa chance de rencontrer le public. Nous accompagnons différentes initiatives puisque la Sacem aide financièrement les communes rurales à organiser de petits événements en musique. Post-crise, on s’est dit que les lieux de vie naturels (cafés, bars, restaurants) pouvaient redevenir des lieux attractifs. Nous les avons accompagnés pour créer des événements en musique. Ce dispositif est d’ailleurs baptisé «Tous en live». Après quelques mois de mise en œuvre depuis l’été, 4/5ème des événements sont organisés en dehors des grandes villes. Nous redynamisons ainsi les acteurs locaux avec de très fortes proximités entre les Français et nos créateurs de musique.

media+

Le facteur d’attractivité de la musique a finalement toujours été très présent ?

Stéphane VASSEUR

Plus de 8 Français sur 10 estiment que les concerts, les manifestations musicales, l’écoute ou la pratique de la musique à plusieurs renforcent les liens sociaux (84%) l’ouverture au monde (87%) et à d’autres milieux sociaux (80%). En revanche, nous rencontrons une difficulté dans les milieux ruraux : faire rencontrer l’offre. Il y a un engagement très fort des collectivités territoriales puisque ce sont les premiers financeurs de la culture et de la filière musicale sur les territoires. Les attentes envers les acteurs locaux s’articulent aujourd’hui autour de trois axes: multiplier les temps forts musicaux de partage collectif (54% sont favorables au développement de l’organisation de concerts et festivals), accompagner la création (39% invitent les décideurs locaux à multiplier les maisons d’artistes, ateliers, résidences) et encourager l’enseignement de la pratique musicale (31%).