A l’affiche des deux séries événements de la rentrée, «Germinal» et «Une affaire française», Guillaume de Tonquédec doit sa «vocation» à la télévision, un «instrument politique extraordinaire» qui gagne à «laisser les auteurs s’exprimer», estime le comédien dans un entretien. L’inoubliable interprète de Renaud Lepic, le père de famille réac’ mais attachant de la série culte «Fais pas ci, fais pas ça», préside le jury du 23e Festival de la fiction de La Rochelle, grand rendez-vous des professionnels de l’audiovisuel organisé jusqu’à dimanche. L’occasion pour l’acteur de 54 ans de «rendre hommage à la télévision», à cette «petite boîte noire» qui émouvait et faisait rire ses parents. Et de constater, à travers la quarantaine d’oeuvres (françaises, francophones et européennes) en compétition, la vitalité du secteur. Parmi les thèmes explorés, «beaucoup de sujets graves (viol, prostitution, enfants placés…) mais aussi beaucoup de choses à destination de la jeunesse». «Dans la forme et dans le fond, je trouve qu’il y a une maturité et une prise de risque de plus en plus intéressantes», loin de la «télé de papa», explique-t-il, sans dévoiler ses préférences avant le palmarès attendu samedi soir. «Avec l’arrivée des plateformes, la multiplicité des chaînes, les réseaux sociaux (…), si on veut survivre il faut bien se mettre à la page». Et «laisser les auteurs s’exprimer sans préjuger de ce que va peut-être penser la «ménagère de moins de 50 ans»». Le succès de «Fais pas ci, fais pas ça», diffusée pendant dix ans sur France 2, en est selon lui la preuve, la chaîne ayant fait confiance à sa créatrice Anne Giafferi pour cette série «pas politiquement correcte». Si le scénario est «la base», souligne le comédien, la montée en gamme de la production hexagonale passe aussi par le talent de ses interprètes… César du meilleur second rôle masculin en 2013 pour «Le prénom», lauréat du prix Beaumarchais du meilleur comédien en 2017 pour la pièce «La garçonnière», Guillaume de Tonquédec sera visible sur les trois premières chaînes du PAF cet automne. Dans «Germinal», adaptation de Zola déjà disponible sur Salto et prochainement sur France 2, il incarne Hennebeau, le directeur des mines de Montsou. Un rôle de «méchant» comme en réclame le comédien aux allures de gendre idéal, heureux de participer à une oeuvre «résonnant fortement avec la société d’aujourd’hui». Dans un autre registre, il prête ses traits au capitaine de gendarmerie Etienne Sesmat, le premier à avoir enquêté sur la mort du petit Grégory, dans «Une affaire française», diffusée à partir de lundi sur TF1. «Un honnête homme» qu’il n’a pas rencontré, conformément aux consignes de la production, soucieuse de rester impartiale. «J’ai accepté le rôle après lecture du scénario parce que la vérité est respectée» précise-t-il, avec «l’espoir naïf» que la fiction fera avancer l’affaire en déliant les langues. Sur M6, il donnera la réplique à Camille Lou et Samuel Allain Abitbol dans «J’irai au bout des rêves», téléfilm sur le thème de handicap. L’acteur ne chôme pas non plus côté cinéma: actuellement sur grand écran dans le film «Délicieux» d’Eric Besnard, il sera à l’affiche en mars du «Temps des secrets», adaptation de l’oeuvre de Marcel Pagnol par Christophe Barratier. Un parcours qui n’avait rien d’évident pour l’enfant de Louveciennes (Yvelines), atteint d’une «forme de dyslexie» et d’un astigmatisme décelé tardivement. «L’apprentissage de la lecture, l’orthographe et la grammaire ont été un calvaire (…) je lis toujours très lentement», ajoute celui qui a relaté son expérience dans un livre paru en 2018, «Les portes de mon imaginaire». «Le fameux Renaud Lepic revient de tout ça», lance-t-il à l’adresse de «tous ceux qui galèrent à l’école».