Europe 1: quelque 150 personnes rassemblées pour dénoncer «l’emprise croissante» du milliardaire Vincent Bolloré sur la radio du groupe Lagardère

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Quelque 150 personnes, pour la plupart journalistes, se sont rassemblées mercredi matin devant les locaux d’Europe 1 pour dénoncer «l’emprise croissante» du milliardaire Vincent Bolloré sur la radio du groupe Lagardère, vouée à se rapprocher de CNews au risque de devenir, selon les manifestants, un «média d’opinion».

Voix actuelles ou anciennes de la station, mais aussi confrères d’autres médias, syndicalistes ou défenseurs de la liberté de la presse ont répondu à l’appel de l’intersyndicale (SNJ-CGT-CFTC-FO) et de la société des rédacteurs (SDR) d’Europe 1, qui disent «s’inquiéter de l’emprise croissante de Vincent Bolloré dans les médias». Ce rassemblement était organisé en marge de l’assemblée générale des actionnaires de Lagardère. Elle a entériné la transformation du groupe en société anonyme, mettant fin au pouvoir absolu d’Arnaud Lagardère au profit de son premier actionnaire, Vincent Bolloré, qui contrôle Vivendi et sa filiale Canal+, maison-mère de CNews. Europe 1 est une «radio qui a toujours préféré l’information à la controverse», a fait valoir la journaliste Anne Sinclair, ancienne de la station, soucieuse «que cela perdure, surtout avant la présidentielle». «Ce qui nous rassemble aujourd’hui, c’est une conception de l’information», une «éthique de responsabilité vis-à-vis de la société», a lancé à la foule Patrick Cohen, qui anime la tranche de la mi-journée sur Europe 1. «Le modèle qui est en train de gagner», c’est celui qui cherche à créer «des fractures, à dresser une partie de la France contre l’autre, y compris par des appels à la haine» jugés «par les tribunaux», a-t-il déploré. Le polémiste vedette de CNews, Eric Zemmour, a été condamné à plusieurs reprises pour provocation à la haine. Le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire, a de son côté défendu «l’indépendance éditoriale» et le «pluralisme interne des médias audiovisuel», appelant le Conseil supérieur de l’audiovisuel à «jouer» le «rôle» qu’il n’a pas tenu selon lui pour iTELE (devenue CNews en 2017) et Canal+. Les synergies entre Europe 1 et CNews, telle une émission commune présentée par Laurence Ferrari, ont été officialisées la semaine dernière par Arnaud Lagardère, malgré l’inquiétude des salariés de la radio, en grève pendant cinq jours la semaine dernière. 

A l’issue du mouvement, la direction s’est engagée à négocier un dispositif semblable à la clause de conscience, un dispositif qui permet aux journalistes en désaccord avec un changement de ligne éditoriale de partir avec des indemnités. Mais «la mobilisation ne s’arrête pas», a assuré Olivier Samain, délégué syndical SNJ, promettant d’«autres actions».