Europe 1: rassemblement mercredi pour dénoncer «l’emprise croissante» du milliardaire Vincent Bolloré

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Toujours inquiètes de voir Europe 1 se rapprocher de CNews pour devenir «une radio d’opinion», l’intersyndicale et la société des rédacteurs (SDR) de la station appellent à un rassemblement mercredi devant ses locaux pour dénoncer «l’emprise croissante» du milliardaire Vincent Bolloré.

Les équipes de la station du groupe Lagardère veulent qu’«Europe 1 reste une radio généraliste» et «ne devienne pas une radio d’opinion», écrivent lundi la SDR et l’intersyndicale (SNJ-CGT-CFTC-FO) dans un communiqué. Elles refusent d’«être instrumentalisées» ou de «participer d’un activisme qui fracture la société», et déplorent les «ponts» déjà «jetés» entre CNews et Europe 1, telle l’émission commune présentée dès la rentrée par Laurence Ferrari. 

«Tous ceux qui estiment que ces valeurs sont essentielles à la qualité du débat démocratique, et qui s’inquiètent de l’emprise croissante de Vincent Bolloré dans les médias», sont ainsi invités «à venir en témoigner, par leur présence, devant Europe 1, le mercredi 30 juin» à 10h00. Ce rendez-vous coïncide avec l’assemblée générale des actionnaires de Lagardère, qui doit entériner la transformation du groupe en société anonyme et la fin du contrôle absolu de son patron Arnaud Lagardère au profit de Vincent Bolloré, son premier actionnaire. La grève de cinq jours entamée le 18 juin est terminée «mais la mobilisation ne s’arrête pas», avaient prévenu la SDR et l’intersyndicale à l’issue du mouvement la semaine dernière. Inédit par son ampleur, celui-ci avait été lancé pour contester la mise à pied d’un journaliste, sur fond d’inquiétudes grandissantes concernant l’avenir de la station, appelée à se rapprocher de CNews, la chaîne d’information de Canal+, filiale du groupe Vivendi contrôlée par Vincent Bolloré. 

Les grévistes ont repris le travail mercredi, la direction s’étant engagée à négocier un dispositif semblable à une clause de conscience pour permettre aux journalistes en désaccord avec la future orientation éditoriale de la station de partir avec des indemnités. Mais «le problème de fond reste entier: le projet du groupe Lagardère est bien d’arrimer Europe 1 à CNews, chaîne d’information, devenue sous l’impulsion de son propriétaire Vincent Bolloré un média d’opinion opportuniste et racoleur», avaient déploré la SDR et l’intersyndicale, redoutant un avenir semblable à celui d’iTELE. 

Devenue CNews en 2017, iTELE s’était vidée d’une centaine de journalistes sur 120 à l’issue d’une grève historique de 31 jours en 2016. Dans une interview au «Figaro», le directeur général de CNews, Serge Nedjar, a assuré que sa chaîne, parfois accusée de proximité avec l’extrême droite, «ne roul(ait) pour personne, ni parti ni homme politique». 

«Quant à l’émoi des équipes (d’Europe 1), je l’ai vécu lorsque iTELE s’est transformé. Ce sont des moments difficiles. Il y a toujours des craintes et des fantasmes», a-t-il ajouté. Soulignant ne pas intervenir «sur ce qui se passe à Europe 1», il a rappelé l’existence «depuis dix ans» du «Grand Rendez-Vous», une émission politique «conjointe à iTELE puis CNews et Europe 1» qui «se passe très bien».