La nouvelle patronne d’UGC veut faire émerger «d’énormes succès français à l’international»

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Première femme à la tête d’UGC, l’un des poids lourds européens du cinéma, Brigitte Maccioni veut mettre l’accent sur la création pour faire émerger «d’énormes succès français à l’international», mais met en garde sur l’endettement hérité de la crise sanitaire. Après plus de 30 ans de carrière dans ce groupe aux 391 millions d’euros de c.a. (2019), cette dirigeante de 59 ans qui cultive la discrétion détaille ses plans dans un monde du cinéma bouleversé par la pandémie et l’essor des plateformes. «On a de très grandes ambitions sur l’évolution du métier de «raconteur d’histoires»» à travers la production et la distribution de films et de séries, explique cette dirigeante, pour sa 1ère interview depuis sa prise de fonction au printemps. «Pour moi, le truc le plus ambitieux, c’est de faire un énorme succès français à l’international», poursuit Mme Maccioni, dont le CV chez UGC compte l’un des plus gros cartons du cinéma français, «Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu» (2014), et qui a regardé avec intérêt le parcours de la série «Lupin» chez Netflix, portée par la maison concurrente, Gaumont. Les plateformes ont changé la donne: ce «sont des partenaires» qui ont «élargi le public des films et des séries françaises. La barrière de la langue n’en est plus vraiment une». Résultat, «on manque de talents, et le plus gros enjeu c’est d’en faire émerger». Sous sa houlette, UGC veut développer les séries. L’entreprise a déjà porté «HPI», dernier succès de TF1, commence le tournage d’une série pour Disney sur Malik Oussekine, mort en 1986 lors de la répression d’une manifestation par la police, et s’occupe de l’adaptation anglo-saxonne de la série «Dix pour cent». Mais dans le même temps, le groupe va devoir résoudre une équation financière compliquée, dans un secteur mis à genoux par la crise sanitaire. UGC «sort de la crise très endetté après avoir dû financer des pertes très significatives», relève Mme Maccioni, sans préciser de montant. «Toutes les aides» publiques «ont été très intelligemment calibrées pour les petites entreprises» mais pas pour «les entreprises de taille intermédiaire», s’inquiète la dirigeante, qui a commencé dans le cinéma par les aspects financiers et appelle le gouvernement à «reconsidérer le niveau des aides» pour ce type de structures. En attendant, la nouvelle patronne de l’Union générale cinématographique, fondée il y a 50 ans, continue de «croire beaucoup» à l’avenir des salles obscures, «le lieu où naît la valeur d’un film, même financière, où naissent les talents, où la notoriété commence vraiment». L’entreprise, qui gère 56 cinémas, a bousculé à 2 reprises le modèle ces 2 dernières décennies, en généralisant les multiplexes, dont l’UGC Cité Cité Les Halles à Paris, l’un des plus grands cinémas d’Europe, et en inventant la carte illimitée. Mme Maccioni défend ces innovations parfois décriées, estimant qu’elles favorisent la diversité : les multiplexes permettent de programmer davantage de films, et les abonnements illimités «aux gens d’aller découvrir des films, de tenter des choses que sinon ils n’oseraient peut-être pas aller voir». Même à l’heure des plateformes ? «Si vous voulez tout voir, il va falloir additionner Netflix, Disney, Amazon Prime et tous les autres et vous ne serez même pas sûrs d’avoir l’exhaustivité… contrairement à l’abonnement au cinéma», qui revient autour de 20 euros par mois, relève-t-elle. Au fond, «le cinéma permet de créer l’évènement, que des gens se rassemblent à la même période pour voir les mêmes choses, partagent ensemble et en parlent (…) alors que cette profusion d’offres sur les plateformes, c’est plus, j’ai envie de dire, un plaisir solitaire…».