A. HOLMES (France Télévisions) : «Nous cherchons des séries qui nous plongent dans des univers singuliers»

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France 2 s’attaque une nouvelle fois au monde de l’éducation avec «L’école de la vie», une série de 6X52’ diffusée mercredi 21 avril en Prime Time. L’occasion pour média+ de s’intéresser aux nouvelles fictions du service public, aux développements en cours, la fiction demeurant le pilier incontesté de France 2 et France 3. Entretien avec Anne HOLMES, Directrice de la Fiction nationale de France Télévisions. 

A travers «L’école de la vie», quelle nouvelle proposition souhaitez-vous apporter sur France 2 ? 

En tant que service public, nous ne parlions pas assez d’éducation, de transmission et de jeunesse. France 2 était pourtant la chaîne de «L’Instit» et de «Madame le Proviseur». L’idée était donc de raconter les problèmes des ados mais de façon moderne et légère. En explorant le quotidien des lycéens et de leur professeur, «L’école de la vie» (Banijay/Fiction’Air) met en lumière ceux qui participent à construire la société de demain. C’est une prise de risque totalement assumée. D’ailleurs, sur cette même case du mercredi, nous avions lancé «La Faute à Rousseau» (DEMD) qui renouait avec le monde de l’éducation avec un prof de philo. Une saison 2 a été commandée.

Face aux succès de vos fictions, pouvez-vous lancer des séries plus pointues ? 

Absolument ! Je veux donner du sens à ce que nous faisons. Nous n’adaptons que très rarement des formats, parce que nous avons une politique axée sur la création française, «L’école de la vie» est typiquement adapté d’un format québécois puisque la série répond à ce que nous recherchions. 

A travers vos fictions, avec quoi renouez-vous ? 

Avec la nostalgie et le fantastique. Après avoir lancé «La Première Vague» l’année dernière, on continue avec «Vortex» (Quad Drama), une série de 6X52’ dans laquelle un homme en 2025 va tout faire pour empêcher sa femme de mourir en 1998. Avec «Le Code» (Making Prod/LO Productions), nous renouons en 6X52’ avec le judiciaire, ce qui ne s’était pas fait depuis «Avocats et Associés» et «Boulevard du Palais». On traite ainsi du monde tel qu’il est mais avec une porte d’entrée différente. Enfin, nous venons de tourner «Mise à nu» (Adrénaline), une fiction unitaire sur le vide juridique autour de la mise en ligne de sex-tape. On suit le combat d’une femme incarnée par la comédienne Julie de Bona. 

Maintenant que le renouvellement de vos fictions porte ses fruits, quelle est la prochaine étape ? 

Poursuivre le renouvellement ! Car si vous servez le même plat aux téléspectateurs chaque soir, ils n’en voudront plus au bout d’un moment. Il faut être à l’affût. D’ailleurs, c’est un crève-cœur d’arrêter des marques comme «Mongeville» ou «Magellan» qui font entre 4 et 5 millions de téléspectateurs. Mais si d’anciennes séries ne sont pas arrêtées, de nouvelles ne peuvent pas être lancées.

Que recherchez-vous aujourd’hui ? 

Des séries qui nous plongent dans des univers. C’était le cas de «Dix pour cent» qui nous faisait découvrir les coulisses des agences. C’était le cas de «Dix pour cent» qui nous faisait découvrir les coulisses des agences. Alors qu’une saison 5 est en réflexion et qu’un unitaire est en développement, nous voulions retrouver des univers singuliers. C’est pourquoi nous allons partir en tournage de«L’amour presque parfait», une comédie sentimentale de 6X52’ sur le mode «Clara Sheller». La série pose des questions comme : c’est quoi d’être trentenaire aujourd’hui ? Quelle est la place de l’amour à l’ère des réseaux sociaux ? Et comme le public de France Télévisions est assez âgé, j’estime que c’est une prise de risques. Nous avons renouvelé les marques le vendredi et cela fonctionne bien :«Tropiques Criminels», «Le crime lui va si bien», «César Wagner» et les nouveaux «Petits meurtres d’Agatha Christie». 

Que retenez-vous du transfert de «Capitaine Marleau» de France 3 à France 2 ? 

C’est un pari qui a été largement relevé. Nous avons surpris tout le monde. Le postulat était de se dire que les gens regardent une série et pas une chaîne. L’arrivée des plateformes confirme ce raisonnement. D’ailleurs, «Capitaine Marleau» avait sa place avec la refonte de la case du vendredi soir puisque nous n’avions que des personnages hauts en couleurs dans le genre comédie policière : «Candice Renoir», «Astrid et Raphaëlle», «Le crime lui va si bien»,… Visiblement le public a suivi. 

Vous évoquez l’impact des plateformes. Comment vous positionnez-vous face à elles ? 

Les plateformes ne réussissent pas 5 millions de personnes simultanément. C’est à la fois notre force mais aussi notre faiblesse dans le sens où nous devons nous adresser au plus grand nombre. Il y a des séries de niches sur des plateformes que j’aurais adorées faire. Mais nous ne sommes pas sûrs de réunir un si grand nombre de téléspectateurs avec. Voilà pourquoi, on reprend les codes de certaines séries issues des plateformes, pour faire évoluer notre fiction. Ceux qui regardent Netflix ou Amazon ont un goût beaucoup plus aiguisé en matière de séries, ce qui nous oblige à être encore plus performants. En dix ans, nous avons fait un pas de géant. La qualité et l’audace de la fiction française se sont améliorées. 

Des sitcoms filmées comme à la «Friends», vous pourriez y aller ? 

Oui, on en a vraiment besoin en ce moment, mais c’est un genre sur lequel nous sommes très peu exercés. Depuis «H», on n’en a pas refait. Et comme le rire est segmentant en fonction des âges et des générations, difficile de se positionner. 

Allez-vous remplacer la série «Vestiaires» ? 

Non, il ne s’agit pas de l’arrêter mais de lui apporter un rajeunissement dans les mois à venir.

«Plus Belle la Vie», «Un si grand soleil», ces séries évoluent-elles comme vous le souhaitez ? 

Les deux séries sont des succès. «Plus belle la vie» a perdu certes un peu de son audience depuis 1 an. C’est surtout lié à l’actualité et à sa programmation. Mais pas de signe avant-coureur d’usure puisque son replay est puissant et elle reste la série la plus jeune de France Télévisions. En termes de rajeunissement, elle remplit parfaitement sa mission. Avec «Un si grand soleil», nous avons encore une marge de progression sur l’élargissement du public.