Edito de Joseph Agostini, Éditorialiste
Ah, cette télévision ! On la conspue, on la vilipende, on la brûle depuis les années 60. On ne les compte plus, les ouvrages annonçant sa décadence dans l’ère du vulgaire, de l’obscène, et même sa fin, tant qu’on y est ! Combien de journalistes et de philosophes ont-ils fait leur miel de ce déclin annoncé ces cinquante dernières années ? Se souvient-on seulement de leurs noms alors que la télévision trône encore au milieu du salon ? Elle trône, elle trône … Pas comme au premier jour, certes! Accordons à ces détracteurs une chose bien claire : Youtube prend le public des jeunes et de la musique, Facebook et Instagram mangent les recettes publicitaires, Netflix accapare la scène des fictions et des séries. Quant à Tiktok, onze millions d’utilisateurs le fréquentent chaque mois. Mais alors que nous n’arrivons pas à sortir de cette «crise Covid», que la France lasse, dépressive, blasée, en colère et soucieuse (tout ça à la fois) s’en remet à ses politiques et ses scientifiques, l’audience de la télévision grimpe. BFM ne s’est jamais portée aussi bien. Quant au JT de 20 heures de TF1 et de France 2, ils parviennent encore à regrouper 12 à 13 millions d’aficionados en quarante minutes quotidiennes. Bien sûr, la stagnation de la télévision traditionnelle, basée sur la publicité et les financements publics, est désormais acquise, autant que l’envol des services payants et des formes audiovisuelles non linéaires. Mais l’écran de télé, désormais cloué sur le mur et non plus sur la commode Ikéa, vient peut-être nous titiller l’œil comme un doudou collectif duquel on ne se sépare pas si facilement, qu’on ne troquera vraiment jamais contre un écran d’I-Phone ou de tablette. On n’a jamais vu quelqu’un vendre ses parents au marché noir, que je sache ? Bien qu’on ne connaisse jamais l’avenir cependant… En tous les cas, en 2007, année de la naissance de Média +, Jean-Louis Missika, administrateur du groupe de communication Iliad, annonçait la «fin de la télévision». 14 ans plus tard, à l’heure où nous fêtons notre 3000ème numéro, elle se porte comme un charme.
