Sénat / après la fin de France Ô, la visibilité des outre-mer: un défi toujours à relever dans l’audiovisuel public

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Véritable onde de choc dans l’audiovisuel public ultramarin, l’annonce de la suppression de France Ô en 2018 s’est accompagnée de promesses du Gouvernement pour une présence accrue des outre-mer sur les chaînes nationales. Six mois après l’arrêt effectif de France Ô, la Délégation sénatoriale aux outre-mer a réuni, ce mardi 16 mars, sous la présidence de Stéphane Artano (RDSE – Saint-Pierre-et-Miquelon): Sylvie Gengoul, directrice du pôle outre-mer de France Télévisions, Maël Disa, délégué interministériel à l’égalité des chances des Français d’outre-mer et à la visibilité, et Tony Rebus, président de l’Association des auditeurs et téléspectateurs des outre-mer (AATOM), indique le Sénat dans un communiqué de presse. L’objectif était d’établir un premier bilan de la mise en œuvre du Pacte de visibilité signé en juillet 2019 par France Télévisions.Constitué de 25 engagements, ce Pacte s’inspire largement des propositions de l’étude de la délégation dont les rapporteurs étaient Maurice Antiste (SER – Martinique) et Jocelyne Guidez (UC – Essonne). Soutenant que la quasi-totalité des 25 engagements ont été tenus, Sylvie Gengoul a affirmé que «la visibilité des outre-mer à France Télévisions est devenue plus qu’un réflexe, elle est la normalité». La plus grande avancée concerne les journaux télévisés, le programme «L’info outre-mer» réunissant près de 200.000 téléspectateurs par jour. En moyenne, 8,2 millions de téléspectateurs regardent chaque semaine des programmes ultramarins sur France Télévisions et le Portail numérique enregistre 1,46 million de visites mensuelles. Au-delà des chiffres d’audience, les représentants de France Télévisions ont annoncé que les rendez-vous ultramarins seraient consolidés et encore renforcés lors des prochaines saisons. Pour Maël Disa, l’objectif à terme n’est pas seulement de «mettre en avant les outre-mer mais aussi de les présenter sous un autre jour et de combattre les stéréotypes». S’agissant de la mise en place d’un réseau d’experts ultramarins, il a estimé que «nous aurons réussi en visibilité quand des ultramarins interviendront dans des débats qui ne concernent pas les outre-mer !». Après avoir repris point par point les engagements de France Télévisions et émis des réserves sur les chiffres d’audience, Tony Rebus a alerté sur le basculement numérique alors que la télévision reste un support incontournable pour de nombreux publics. Par ailleurs, il a déploré que «la géolocalisation empêche d’accéder depuis l’Hexagone en direct aux chaînes locales». En réponse à l’inquiétude des professionnels ultramarins de la culture qu’il a relayée, France Télévisions s’est engagé à poursuivre la dynamique amorcée, notamment en recherchant de nouveaux partenariats, en créant une filière de scénaristes locaux ou encore en renforçant le suivi qualitatif des programmes. À l’occasion des échanges, les sénateurs ont appelé l’attention sur certains sujets à valoriser davantage, comme la biodiversité, la situation des jeunes, la formation ou les travaux parlementaires. Pour sa part, Jocelyne Guidez a reconnu des progrès après «une page douloureuse» notamment pour les personnels concernés, laquelle a également été rappelée par Victorin Lurel (SER – Guadeloupe). Mais elle a aussi pointé des horaires peu adaptés et le manque d’accessibilité du nouveau portail des outre-mer «la 1ère» dans des zones connaissant encore une fracture numérique, et a appelé les chaînes parlementaires à prendre davantage en compte la dimension ultramarine. L’ensemble des participants ont estimé que la visibilité des outre-mer devait encore progresser dans l’audiovisuel public afin que celui-ci soit véritablement le reflet de notre société, conclut le communiqué du Sénat.