France: SFR prévoit jusqu’à 1.700 départs volontaires courant 2021

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Bras de fer social en vue? SFR prévoit jusqu’à 1.700 départs volontaires courant 2021, soit 11% de ses effectifs, dans le cadre d’un plan stratégique annoncé mercredi et visant à «conforter sa position» de deuxième opérateur télécoms français derrière Orange, mais les syndicats l’accusent de jouer sur «l’effet d’aubaine du Covid». Selon la CFDT, «400 départs» sont prévus «sur la base du volontariat dans les boutiques ainsi que 1.300 sur les autres fonctions de l’entreprise». Ces départs «sur la base exclusive du volontariat» seront combinés à un «grand plan de recrutement de 1.000 jeunes diplômés sur quatre ans», ainsi qu’à un renforcement de la politique d’apprentissage et de formation de l’entreprise, a indiqué dans un communiqué la direction de SFR. «Pour y parvenir des négociations sont engagées dès à présent avec les partenaires sociaux», ajoute l’entreprise, filiale du groupe Altice France (également présent dans les médias avec BFMTV ou RMC). Ce troisième plan social depuis 2012 répond, selon la direction, à la baisse de fréquentation dans les boutiques – elle a chuté de 30% en raison notamment de la crise sanitaire – et à la «progression continue» des achats en ligne. SFR invoque aussi un environnement de marché où les revenus du numérique sont «captés par d’autres acteurs» comme les géants du streaming vidéo tels Netflix, les tarifs sont «toujours très bas» et la fiscalité «extrêmement lourde», alors que les investissements dans les réseaux représentent entre 2,5 et 3 milliards d’euros par an. «L’objectif, c’est d’opérer aujourd’hui une transformation nécessaire, pour ne pas avoir à la subir violemment plus tard», a fait valoir Grégory Rabuel, directeur général de SFR, dans un entretien avec «Les Echos». A côté de ce volet social, SFR se fixe plusieurs objectifs stratégiques, notamment dans le domaine de la fibre où il vise le raccordement «de plus de 90% des foyers français en 2025» et la conquête de «5 millions de nouveaux clients». Côté téléphonie mobile, outre la densification du réseau 4G, SFR ambitionne de couvrir «98% des villes de plus de 10.000 habitants en 5G» sur la bande de fréquences 3.5 GHz. Il entend également «être leader du marché en nombre de clients 5G», sans donner toutefois d’objectif chiffré. Et sur le lucratif segment des entreprises, où il est loin derrière Orange, SFR vise «100% de croissance sur le parc de PME clientes» à ses offres. Abdelkader Choukrane, délégué syndical central Unsa (premier syndicat dans l’entreprise), a indiqué être en «opposition frontale» avec tout «plan social» qu’il estime «injustifié au vu des très bons résultats du groupe». SFR, qui compte environ 15.000 salariés, avait augmenté son chiffre d’affaires de 2,4% à 10,6 milliards d’euros l’an dernier. «C’est un secteur qui contrairement à beaucoup d’autres se porte très bien», a ajouté M. Choukrane, évoquant un «massacre social en période de croissance», tout en accusant le groupe de jouer sur «l’effet d’aubaine du Covid».Interrogé sur les recrutements prévus parallèlement aux départs volontaires, M. Choukrane évoque «un effet d’affichage», rappelant que lors du dernier plan social en 2017, «5.000 emplois ont déjà été supprimés avec des promesses d’embauches jamais tenues». Cette annonce intervient dans un climat social qui s’est déjà dégradé autour de la question du télétravail massif. Début février, les syndicats de SFR étaient montés au créneau contre leur direction qu’ils accusent de bafouer les droits des salariés, sous prétexte de crise sanitaire et en dépit des directives gouvernementales. La direction de SFR avait assuré avoir «négocié et conclu un accord collectif avec les organisations syndicales pour accompagner dans les meilleures conditions les situations de télétravail».