J. DILLARD (Téléshopping) : «Le business du télé-achat est devenu également un business d’e-commerce»

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Quelle est la santé du télé-achat en France ? Quelles innovations ? Comment les activités ont-elles été impactées par la Covid ? Tour d’horizon avec Jérôme DILLARD, Président de Téléshopping et de Home Shopping Service.

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Vous avez récupéré en avril 2019 les activités de télé-achat du Groupe TF1. Comment se porte le business ?

Jérôme DILLARD

Les activités ont été dynamisées. L’enjeu a été de redresser les marges dans un contexte concurrentiel où le marché de la distribution matraque sans cesse en matière de promotion. Avec la Covid, nous avons touché de nouveaux téléspectateurs le matin. La réalité de notre activité c’est que nous nous adressons à tout le monde. En revanche, les heures consacrées à Téléshopping ne nous permettent pas d’être vu par tout le monde. Généralement, à 9 heures du matin en semaine, les actifs sont au travail et les femmes un peu plus nombreuses. Nos téléspectateurs ont une cinquantaine d’années, c’est-à-dire l’âge moyen du public de la télévision. Le business du télé-achat est aussi devenu un business d’e-commerce. Les 2/3 de notre chiffre d’affaires correspondent à des commandes passées sur internet, notamment via mobile. Le point d’entrée reste notre vitrine à la télévision.

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Quel est l’état de vos commandes ?

Jérôme DILLARD

Si j’additionne nos deux sociétés, Téléshopping et Home Shopping Service (rachetée en octobre 2020 au Groupe M6), nous enregistrons près de 2 millions de commandes en France. Toutes les régions sont représentées. Les produits se renouvellent puisqu’ils ont une durée de vie de 3 ans en moyenne. Chacune des sociétés propose entre 200 et 300 produits chaque année dont 100 à 150 nouveautés. Ce qui cartonne actuellement, ce sont les produits de fitness et les tapis de marche, liés j’imagine à l’impossibilité de fréquenter les salles de sport. Les ustensiles de cuisine ont aussi le vent en poupe.

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Dans la jungle de l’e-commerce, comment tirez-vous votre épingle du jeu ?

Jérôme DILLARD

En proposant des produits que l’on ne trouve pas ailleurs. Ces produits sont généralement innovants et exclusifs, issus de petites entreprises qui n’ont pas accès à des très grands circuits de distribution. Si un produit vous a plu dans l’une de nos émissions, on va faire en sorte que le seul endroit où vous puissiez le retrouver c’est chez nous. Nous avons lancé récemment dans Téléshopping la ligne de vêtements «By Marie-Ange Nardi», née de son envie de créer des vêtements intemporels.

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En gérant Téléshopping et Home Shopping Service, quelle est votre stratégie?

Jérôme DILLARD

Les deux sociétés font le même métier et chacune 4a développé deux systèmes informatiques. Un de ces jours, nous commencerons à réfléchir à un système en commun. Autre exemple, on loue un studio à l’année alors que nous tournons une centaine de journées par an. Cela fait du sens de se grouper dans un même studio en montant-démontant les décors pour produire des émissions différentes et économiser sur les coûts de location. Sur Téléshopping, on continue toujours de faire des directs le samedi dans le cadre d’événements promotionnels.

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Le marché du télé-achat français est-il sous-dimensionné en Europe ?

Jérôme DILLARD

Oui, absolument ! La vraie différence entre les marchés anglais, italien et allemand, c’est qu’ils font 5 à 10 fois plus de chiffre d’affaires que le marché français. A la différence de l’Hexagone, nos voisins européens ont des chaînes de télé-achat, 24/24h. Elles permettent ainsi de toucher une cible plus large, et proposent une variété de produits plus importante. Depuis le lancement de la TNT, je milite pour que nous obtenions une fréquence. S’il y a un appel d’offres, nous nous positionnerons.