Google, Twitter et Amazon espèrent que le futur gouvernement de Joe Biden fera enfin voir le jour à une loi fédérale sur les données numériques, ont déclaré des hauts responsables de ces entreprises mardi au CES, le salon annuel de l’électronique et des technologies.
«Les planètes sont plus alignées que jamais», a remarqué Keith Enright, directeur de la confidentialité des données de Google, lors d’une discussion sur la confiance et la protection des informations personnelles.
Le règlement européen sur la protection des données (RGPD), appliqué depuis mai 2018, a largement participé à faire prendre conscience aux consommateurs des enjeux liés aux données qu’ils remettent au quotidien aux grandes plateformes numériques.
Ce texte a influencé la Californie, qui dispose depuis un an du «California Consumer Privacy Act» (CCPA). Cette loi garantit aux habitants de cet Etat certains droits sur leurs données (comment elles sont collectées et utilisées, à des fins commerciales ou non).
«Cela augmente considérablement les chances qu’il y ait enfin une volonté politique au niveau fédéral de créer une loi uniforme, pour que les entreprises aient un code de la route et que les utilisateurs sachent quels sont leurs droits», a souligné Keith Enright. Le gouvernement du président élu Joe Biden disposera d’une bonne marge de manoeuvre pour légiférer, puisque les démocrates vont contrôler la Chambre des représentants et le Sénat. Il bénéficiera en outre de l’expérience de la future vice-présidente Kamala Harris, ancienne procureure de Californie, où se trouvent la majorité des géants de la tech.
«Il y a plus de 100 lois nationales sur la confidentialité des données dans le monde», est intervenue Anne Toth, responsable de la confiance dans les services liés à Alexa, l’assistant virtuel d’Amazon. «Donc nous gérons un patchwork sans fin de régulations et nous essayons de minimiser les différences». «Les lois doivent être interopérables», a renchéri Damien Kieran, directeur de la confidentialité des données de Twitter.
«Le gouvernement fédéral doit bien penser au futur international du texte (…) s’il se trompe, cela augmente le risque d’une balkanisation de l’internet». La Silicon Valley a longtemps été proche des élus démocrates, mais la relation s’est détériorée depuis l’élection de Donald Trump en 2016 et le scandale de Cambridge Analytica, un cabinet britannique qui avait détourné les données personnelles de dizaines de millions d’utilisateurs de Facebook à des fins de propagande politique.
Google fait l’objet de poursuites pour pratiques anticoncurrentielles de la part du ministère de la Justice et d’une coalition d’Etats américains. Sa plateforme YouTube, tout comme Facebook et Twitter, sont dans le collimateur de nombreux élus pour leur gestion des informations personnelles.