Les industries techniques du cinéma et de l’audiovisuel et en particulier celles des effets visuels subissent de plein fouet les effets de la crise liés au Covid-19. Dans ce contexte, média+ s’est entretenu avec Jean-Yves MIRSKI, Délégué Général de la Ficam, Fédération des industries du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia.
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Quel regard portez-vous de l’impact de la crise sanitaire sur les industries du cinéma et de l’audiovisuel ?
Jean-Yves MIRSKI
Comme beaucoup de secteurs, nous avons été fortement impactés. Une partie de l’activité a même été complètement stoppée pendant plusieurs mois. La crise et les difficultés continuent de se ressentir et ce sera le cas pendant plusieurs années. Dans une certaine mesure, la post-production est un secteur qui, grâce au télétravail, a réussi à terminer les films et programmes en cours pendant le confinement. Mais comme les tournages ont été arrêtés pendant 3 mois et demi, la post-production n’a plus vraiment de travail pour l’instant. Les films sur lesquels les monteurs auraient dû travailler ne se sont pas fait.
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La Ficam se félicite néanmoins de l’adoption définitive de l’amélioration du Crédit d’impôt international pour les films à forts effets visuels. C’est un premier pas ?
Jean-Yves MIRSKI
Il s’agit d’un signal résolument positif pour la Ficam, porteuse de ce projet, et plus largement pour les professions du cinéma et de l’audiovisuel qui souffraient des distorsions nées progressivement des mesures d’incitation fiscale mise en place par plusieurs États. L’idée était d’aligner le crédit d’impôt français sur ce que propose d’autres territoires. Cette mesure est dépendante d’une reprise d’activité dans notre secteur, mais le savoir-faire français pourra ainsi rivaliser sur des œuvres impliquant tant des emplois que des dépenses sur le territoire national, au moment où les tournages internationaux redémarreront. Avec les producteurs français, nous souhaitons aussi une amélioration du crédit d’impôt national, afin de le passer de 30 à 40%. Sachant que la cessation d’activité a été très longue, il faut renforcer l’attractivité du crédit d’impôt et réenclencher ainsi la machine.
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Y’a-t-il d’autres outils qui peuvent aider à cette relance du secteur ?
Jean-Yves MIRSKI
Il y a la continuité du chômage partiel dans ces conditions initiales. Depuis le 1er juin, le soutien est moins important de la part de l’État alors que nos activités prennent beaucoup de temps à redémarrer. Il est donc nécessaire que des salariés restent au chômage partiel avec un soutien gouvernemental au même niveau. Le deuxième sujet est lié aux cotisations sociales. Il nous semble nécessaire d’obtenir une suppression des charges patronales des entreprises. Nous sommes dans un secteur où le poids des salaires et les cotisations sociales sont très importantes.
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Avez-vous des perspectives optimistes de reprises ?
Jean-Yves MIRSKI
L’activité reprend très lentement. Les mesures sanitaires ralentissent l’activité. Des sociétés spécialisées dans les retransmissions sportives, par exemple, ont un chiffre d’affaires proche de zéro. Plein de choses ne seront plus comme avant et pendant un certain temps encore. Même si les programmes de flux ont continué à se fabriquer pendant la crise, les conditions sanitaires limitaient leur activité.
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Que retenir des récents chiffres de l’Observatoire de la Ficam ?
Jean-Yves MIRSKI
Sur l’année 2020, l’activité des industries techniques du cinéma et de l’audiovisuel, risque d’être en baisse de 40%. Et dans notre secteur, la moitié des prêts garantis par l’État, n’ont pas été accordés. La situation est donc compliquée pour les entreprises. Tout reprend lentement. Même les feuilletons quotidiens reprennent de façon beaucoup moins productive qu’avant.