L’Autorité de la concurrence conteste l’accès exclusif aux chaînes d’Orange

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    L’Autorité de la concurrence a épinglé mardi la stratégie d’Orange, qui réserve exclusivement à ses abonnés Internet ses chaînes de sport et de cinéma, estimant que ce type d’offres devait rester «exceptionnel». Orange (France Télécom), détenteur de droits sportifs (Ligue 1 de football) et lié par des accords avec des studios de cinéma, propose en exclusivité à ses abonnés à son offre triple play (Internet, téléphone, télévision) sa chaîne Orange Sport et le bouquet Orange Cinéma Séries. Cette stratégie a été dénoncée devant la justice par SFR et Free. Le tribunal de commerce de Paris avait ordonné fin février de ne plus lier l’abonnement à Orange Sport à la souscription d’un forfait triple-play, mais Orange a ensuite obtenu gain de cause en appel. Face à cette situation, le gouvernement a décidé en janvier de saisir l’Autorité de la Concurrence pour déterminer si ce type d’offres pouvait «induire des effets anticoncurrentiels ou présenter des risques pour la concurrence». Dans leur avis, rendu mardi, l’Autorité estime «contestable» le modèle revendiqué par Orange. «La double exclusivité (des contenus et d’accès) entraîne une restriction du choix du consommateur, qui ne peut plus avoir accès à tous les contenus attractifs ou est obligé de payer beaucoup plus cher pour avoir un accès universel aux contenus», explique-t-elle. Selon elle, «la stratégie d’Orange comporte aussi le risque de déstabiliser le marché du haut débit au détriment des opérateurs concurrents». L’Autorité craint à terme la «reconstitution d’un duopole tant sur le marché de la télévision payante que sur le marché du haut débit» si ce modèle d’exclusivité se généralisait, avec d’un côté Canal+/SFR et de l’autre Orange. «Il est «temps de fixer des règles du jeu claires», jugent les membres de l’Autorité, pour qui «un signal fort du législateur est nécessaire». Ils estiment notamment «souhaitable de limiter la durée d’exclusivité (d’accès aux contenus) à un ou deux ans et d’en restreindre le champ aux véritables innovations».