Trente jeunes femmes, une lauréate : Miss France 2020 doit être désignée samedi à Marseille au terme d’un concours de beauté dénoncé comme «ringard» à l’ère post-#MeToo par des féministes, mais suivi chaque année par des millions de télespectateurs. Miss France 2020 succèdera devant les caméras de TF1 à la Polynésienne Vaimalama Chaves. Les Miss régionales en lice sont âgées de 18 ans pour Miss Lorraine, Ilona Robelin, la benjamine, à 24 ans pour Miss Bretagne, Romane Edern. Contrairement à l’an dernier, le jury ne sera pas 100% féminin. Il sera présidé par la capitaine de l’équipe de France féminine de football Amandine Henry, et compte 3 autres femmes, dont la comédienne Laëtitia Milot, et trois hommes dont le pâtissier Christophe Michalak. Pour la 25e année, l’inoxydable Jean-Pierre Foucault sera aux manettes de la soirée, organisée sur le thème du «Tour du monde des Miss» pour la 1ère fois dans une grande salle de sa ville natale, Marseille. Il sera accompagné de la directrice générale des Miss France Sylvie Tellier et accueillera en invité d’honneur le chanteur britannique Robbie Williams. Comme chaque année, les votes des téléspectateurs de TF1 pour élire la gagnante devraient se compter par millions : la soirée des Miss France reste un gros enjeu pour la chaîne, et la société Endemol qui produit le spectacle. L’an dernier, la cérémonie a décroché la 2ème meilleure audience de l’année (7,3 millions de téléspectateurs) toutes chaînes confondues. Mais les chiffres semblent s’éroder: le record de 2006, avec 9,4 millions de téléspectateurs, est loin, et Miss France n’a plus dépassé la barre des 8 millions depuis l’édition 2015. Ces scores d’audience à six chiffres désolent toutefois l’association Osez le Féminisme, qui dénonce chaque année un concours «sexiste et ringard». Malgré la prise de conscience de la société sur le harcèlement sexuel ou les violences faites aux femmes, «on est un peu désespérés (par le succès de Miss France) et on voit qu’on n’avance pas tant que ça», explique Céline Picq, l’une de ses porte-paroles. L’association s’alarme notamment de l’avalanche attendue de commentaires «hyper dégradants» sur les réseaux sociaux lors de l’émission. Localement, l’attribution d’une subvention de 150.000 euros à l’organisation du concours par la mairie a été dénoncée par la gauche, le conseiller municipal communiste Jean-Marc Coppola y voyant la promotion sur fonds publics d’une «vision rétrograde des femmes». Le maire LR Jean-Claude Gaudin promet, lui, des «retombées économiques importantes» pour la ville en terme d’image. Début décembre, l’animateur Laurent Ruquier avait ouvert un nouveau front, via un appel au boycott, qui serait «un bon début» selon lui: «Puisqu’il faut arrêter de regarder les femmes comme des objets, cessez de les juger sur leur physique, et de systématiquement privilégier les plus jolies», a-t-il déclaré dans son émission «On n’est pas couché». Ruquier, dont l’émission «Les grosses têtes refont l’année» sur France 2 est en concurrence directe avec Miss France samedi soir, a ensuite rétropédalé sur Twitter, plaidant le «deuxième degré». Du côté de Miss France, les organisateurs insistent sur les «personnalités» ou les «histoires» des candidates. «J’aimerais répondre aux féministes que peu importe la manière dont on accède à la célébrité, être une femme, c’est être libre», a déclaré Sylvie Tellier, fin novembre.Miss France 2019, Vaimalama Chaves abonde: «En tant que femme, je revendique le droit de participer à un concours comme celui-ci. Est-ce que ce ne serait pas contradictoire de vouloir défendre les droits des femmes tout en les privant de cette liberté?».
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