Après des semaines de tensions et une multiplication des recours en justice, le groupe italien de télévision Mediaset a proposé une conciliation au géant français Vivendi afin de résoudre le conflit qui les oppose concernant son projet de holding européenne Media For Europe (MFE). Le géant français, deuxième actionnaire de Mediaset, a lancé diverses procédures en Italie, en Espagne et aux Pays-Bas pour contester le projet de holding européenne porté par la famille de l’ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi. Cette holding, basée aux Pays-Bas et dans laquelle Mediaset fusionnerait ses activités italiennes et espagnoles, a pour objectif à terme de fédérer les grands acteurs européens de la télévision afin qu’ils puissent mieux lutter contre les plates-formes numériques comme Netflix. Mais les statuts de MFE sont contestés par Vivendi, car ils vont permettre à la famille Berlusconi, via sa holding Fininvest, de renforcer largement son contrôle sur le groupe, au détriment du géant français. Une source proche du dossier a expliqué que le juge du tribunal de Milan en charge du dossier avait proposé à Mediaset de procéder à certaines modifications dans les statuts de la holding, suggestions que le groupe italien avait acceptées. L’objectif est de parvenir à un compromis avec Vivendi, afin que celui-ci retire toutes les procédures judiciaires qu’il a engagées. Le juge a fixé une prochaine audience au 22 novembre, le délai devant permettre «aux parties de vérifier la possibilité de cette conciliation», a précisé Mediaset dans un communiqué. Il a aussi décidé la suspension provisoire jusqu’à cette date des délibérations prises lors de l’assemblée générale de Mediaset du 4 septembre, ayant acté la fusion des activités espagnoles et italiennes du groupe et la création de MFE. Contacté, Vivendi n’a pas commenté ces informations dans l’immédiat.Le 11 octobre, le géant français des médias avait remporté une première victoire en obtenant la suspension du processus de fusion auprès du tribunal de commerce de Madrid. «Sans préjuger du fond de l’affaire», les modifications structurelles incluses dans les statuts de MFE «semblent être destinées à la fois à blinder le pouvoir de Fininvest dans le groupe Mediaset et, surtout, à affaiblir et porter atteinte aux droits de Vivendi» comme actionnaire, avait indiqué le juge espagnol pour expliquer sa décision. «La décision de Mediaset d’aller vers une conciliation est la stratégie juste, c’est une décision intelligente et pragmatique», a commenté Carlo Alberto Carnevale-Maffè, professeur de stratégie à l’université Bocconi de Milan. «Il est irrationnel que des dirigeants d’entreprises puissent confier de telles décisions à la justice, sur des dossiers aussi complexes», et avec des délais extrêmement longs en Italie notamment, a-t-il ajouté. L’expert a estimé que le projet porté par Mediaset était «rationnel, et représentait une évolution naturelle du groupe, avec la fusion de ses activités», mais qu’il fallait qu’il trouve un compromis avec Vivendi sur ses modalités. Vivendi et Mediaset sont à couteaux tirés depuis l’été 2016, quand le groupe français est revenu sur un accord prévoyant l’achat de 100% du bouquet de chaînes payantes Mediaset Premium et un échange de participations entre les deux groupes.Ils s’affrontent depuis devant la justice italienne, Mediaset et Fininvest réclamant, selon Vivendi, 3 milliards d’euros de dommages et intérêts au groupe français. M. Carnevale-Maffè espère qu’un accord soit aussi trouvé à ce sujet, tout en reconnaissant que «ce ne sera pas facile, vu les chiffres en jeu».
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