Vendredi matin, dans le cadre de la présentation du «Festival des Etoiles du documentaire 2019», média+ s’est entretenu avec Laëtitia MOREAU, Présidente de la Scam, fraichement nommée en juin dernier. Elle nous dresse l’état des lieux du documentaire en France.
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Genre audiovisuel majeur, comment se porte le documentaire en France ?
Laëtitia MOREAU
Selon la récente étude du CNC, la production documentaire a légèrement baissé l’année dernière (-5%). En termes de volume et d’œuvres, cela reste un genre audiovisuel très aidé à la télévision. Les créations françaises sont de plus en plus demandées à l’international, en particulier par les plateformes numériques. (En 10 ans, les exportations de documentaire ont progressé de 40 %, ndlr). La France a une situation tout à fait unique en Europe par rapport à sa production documentaire.
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Comment l’expliquez-vous ?
Nous avons une longue tradition du cinéma documentaire en France à travers des écoles reconnues mais aussi un savoir-faire dans l’écriture du réel. Cet appétit est inscrit dans notre ADN culturel.
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Quelle est la tendance émergeante ?
Laëtitia MOREAU
Nous observons un appétit pour le film documentaire à la fois dans les festivals et les salles de cinéma. La tendance s’est accentuée en 10 ans. Cette dynamique tire d’ailleurs le secteur vers le haut avec des films plus libres sur la forme. Dans cette lignée, la Scam a créé en 2015 «L’Oeil d’or», le Prix du Documentaire à Cannes.
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Le documentaire est-il encore trop formaté en télévision ?
Laëtitia MOREAU
C’est un peu le leitmotiv depuis plusieurs années des réalisateurs sur les questions de contraintes de formats. Oui, il y a certaines cases qui sont effectivement très formatées. Mais nous avons la chance d’avoir aussi des documentaires à l’intersection de la création et de l’investigation qui sont assez présents sur les antennes.
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Prendre des risques, c’est aussi renouveler le récit ?
Laëtitia MOREAU
Oui, à la fois sur le fond et la forme. S’investir par exemple sur des sujets à l’international, ne pas avoir peur de prendre certains risques du point de vue du diffuseur, est une démarche que nous encourageons. Il y a des formes que l’on retrouve plus rarement aujourd’hui et cela est vraiment dommage en termes de diversité. Il y a certainement un alignement qui s’est fait en matière d’écriture par rapport à ce que proposent des plateformes comme Netflix, et qui finalement cartonnent.
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La Scam met-elle en place des aides pour accompagner les créateurs ?
Laëtitia MOREAU
Oui, nous avons une politique proactive sur ce sujet. La Scam a mis en place des bourses pour aider des auteurs au tout début de leur projet. Il y a aussi «Les Etoiles de la Scam» qui permettent à des auteurs de recevoir un prix de 4.000€ et de voir leur film bien exposé.
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Quelle politique menez-vous de front en tant que Présidente de la Scam ?
Laëtitia MOREAU
Je me positionne très clairement sur la défense de la création et de liberté d’expression. Ce sont les axes de mon travail pendant deux ans. La Scam, c’est à la fois des auteurs au service d’autres auteurs. La mutualisation de moyens nous permet de mener une politique culturelle très forte, qui met en lumière certains pans de notre activité, et que ne feraient pas d’autres acteurs. Tout cela s’exécute en parallèle de la gestion et de la distribution des droits d’auteur.