Du nouveau sur franceinfo. Le média global entre dans une nouvelle phase. En trois ans, il a changé de dimension : une radio pionnière écoutée chaque jour par près de 4,6 millions d’auditeurs, une plateforme numérique devenue la première offre d’information consultée au quotidien (et la première sur le mobile) mais aussi une chaîne de télévision qui grimpe sur le canal 27. Quels enjeux pour la saison à venir ? Entretien avec Vincent GIRET, Directeur de franceinfo.
MEDIA +
L’exigence de franceinfo est d’être «un média de confiance». C’est une évidence, non ?
VINCENT GIRET
La confiance est aujourd’hui la question centrale du journalisme. Elle est au cœur de la pratique de notre métier. En tant que média de service public, notre rôle est de parler au plus grand nombre avec cette exigence de confiance. Cela tombe bien puisque notre public nous perçoit comme un tiers de confiance. L’ambition est de continuer à faire progresser ce baromètre sur nos antennes (radio, numérique et canal 27) à un moment où, avec la crise des gilets jaunes, nous avons dû faire protéger nos reporters par des officiers de sécurité. Cela n’était jamais arrivé dans l’histoire de Radio France. On voit bien que l’information est un sujet de défiance, de polémique et parfois de violence.
MEDIA +
En matière d’information, comment redonner confiance au public ?
VINCENT GIRET
Il y a différentes façons de s’y prendre. D’abord, c’est une éthique journalistique avec des règles, celles de l’agence franceinfo par exemple. Nous essayons, à notre niveau, de faire des choses : pas de conditionnel sur franceinfo, l’information est vérifiée et certifiée. Les trois antennes – radio, numérique et TV – disent la même chose au même moment. Cette année, nous adossons à l’agence de franceinfo, qui regroupe 17 journalistes et qui a produit 17.000 dépêches l’an dernier, une cellule anti-désinformation de 7 personnes.
MEDIA +
Qui pilote cette cellule ? A quelle fin?
VINCENT GIRET
La cellule anti «fake news» est pilotée par Antoine Krempf, qui assure la chronique historique «Le vrai du faux» dans la matinale de franceinfo. Avec son équipe, ils vont à la chasse aux infox. Cela signifie qu’il y aura davantage de rendez-vous à l’antenne sur cette thématique, dès que ce sera nécessaire. Il y aura aussi plus de formats originaux sur le numérique pour massifier les contenus anti-infox. Pour renforcer cette équipe, nous avons passé un partenariat avec le CFJ. Les étudiants de deuxième année auront la possibilité de participer à ce travail de veille et de codes de viralité.
MEDIA +
franceinfo renouvelle sa signature d’antenne. Quelle est votre intention?
VINCENT GIRET
L’ancienne signature «Deux points, ouvrez l’info», c’est terminé. Trois ans après sa constitution, elle manquait un peu de puissance et de sens. Avec la nouvelle signature «franceinfo : et tout est plus clair», notre idée est d’apporter encore plus de clarté, dans un monde saturé en information. Nous sélectionnons, hiérarchisons et mettons en perspective un certain nombre d’infos chaque jour.
MEDIA +
Le média global franceinfo change d’échelle. Vous vous dirigez vers davantage de co-diffusion radio/TV?
VINCENT GIRET
Non, pas nécessairement. Aujourd’hui, nous faisons un peu plus de 3 heures de double distribution radio et TV. Il y a quelques nouveautés cette année avec une demi-heure en plus à 8h30 – qui est d’ailleurs le pic d’audience du canal 27 – avec un rendez-vous pour les municipales. Trois interviews sont co-diffusées chaque jour à 8h30, 17h40 et 18h50. Enfin, le dimanche soir, le rendez-vous «Les débats de l’éco» sera en direct à la radio, filmé dans notre studio et diffusé le soir sur le canal 27, à 22h05. L’idée n’est pas que la télévision copie la radio, ni que la radio copie la télévision. On peut faire des choses pertinentes ensemble comme le rappel des titres. Ça a du sens pour un média global. L’idée est de développer notre coopération éditoriale également sur le numérique. Nous avons une puissance de feu considérable. Nous sommes le premier site d’information sur le mobile, et le premier site d’info consulté au quotidien en France.
MEDIA +
Quand le média global a été lancé, des journalistes de franceinfo en radio s’étaient montrés critiques concernant le rapprochement avec la télévision. Quatre ans plus tard, quelle évolution constatez-vous ?
VINCENT GIRET
Ça n’a jamais aussi bien fonctionné qu’en ce moment ! Je suis arrivé après le lancement, en année 2. Il y avait encore beaucoup de calages et ça n’a pas toujours été simple. Pour autant, c’est un rapprochement totalement pionnier dans l’audiovisuel public. Il a été lancé dans un calendrier serré avec des maisons ayant des cultures différentes. Le moteur de ce rapprochement a produit des résultats immédiats. Sur le numérique, le site de la radio était au 25ème rang tandis que le site francetvinfo se plaçait au 8ème rang. Au bout de six mois, on approchait le Top 3. L’intuition des fondateurs, aussi bien Mathieu Gallet que Delphine Ernotte, de se doter d’un média d’information en continu avec des équipes renforcées, chacun apportant son savoir-faire, est formidable.
MEDIA +
Faire plus de 3 heures de co-diffusion TV et radio, est-ce jouable ?
VINCENT GIRET
Il faut garder un bon équilibre entre les antennes. On se saisit des actualités pour faire des opérations communes, en France et à l’étranger. Quand l’équipe numérique de France Télévisions sort une enquête, elle est promue à Radio France. Tout cela n’est que synergie. Nous publions également des tribunes qui vivent sur les différentes antennes. Nous savons travailler intelligemment ensemble.