M6 et RTL font appel à leurs vedettes pour accélérer dans les podcasts

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Les crimes avec Jacques Pradel, la science au quotidien avec Mac Lesggy, la politique avec Alain Duhamel… M6 et RTL font appel à leurs vedettes pour accélérer dans les podcasts, mode de diffusion qui attire de plus en plus les radios commerciales. Baptisée «RTL Originals», cette offre comprend pour le moment cinq podcasts originaux (ou «natifs», c’est-à-dire spécialement conçus pour la baladodiffusion, par opposition aux «replays», les rediffusions). Avec des thèmes dans l’air du temps, comme les faits divers («Les voix du crime», avec notamment Nathalie Renoux et Jacques Pradel), la science («E = M6… au carré», avec Mac Lesggy), et le plaisir féminin («Les Françaises au lit», adaptation d’une émission de Téva). Six autres suivront d’ici septembre, dont certaines réalisées par Fun Radio et le studio digital du groupe, Golden Network. «C’est l’ensemble du groupe qui se met en marche avec cette offre, en s’appuyant sur ses talents, qu’ils soient issus de la télé, de la radio, ou du digital», a expliqué Antoine Daccord, qui dirige cette activité. Souhaitant installer le concept «de manière pérenne», il entend se «laisser du temps pour que ça prenne», sans dévoiler d’objectifs chiffrés. RTL part d’une base solide, avec déjà 25 millions de podcasts de type «replay» téléchargés par mois, mais arrive sur un terrain des podcasts natifs déjà largement quadrillé par la concurrence. Si Radio France, et en particulier France Culture (avec une offre sans équivalent de fictions) et France Inter («Inter is Coming»…), ont une longueur d’avance dans ce domaine, les radios commerciales s’y intéressent de plus en plus, comme Europe 1 qui a lancé l’an dernier «Europe 1 studio» pour produire des podcasts. Autres exemples, RMC a lancé ce mois-ci «Routes d’Europe», en vue des élections européennes, et NRJ en avait créé un l’an dernier pour les 40 ans du film «Halloween». Pour RTL, devancée par France Inter cet hiver dans les audiences de Médiamétrie, mais qui avait signé l’an dernier des records, investir dans les podcasts est un passage obligé, en pleine ruée des médias français vers ce nouveau format qui touche des publics souvent plus jeunes et ultra-connectés. Même la presse écrite et certaines chaînes de télévision s’y intéressent : le groupe Les Echos – Le Parisien a pris une participation dans la plateforme Binge Audio, l’éditeur de magazines Prisma a lancé une vingtaine de podcasts et France 2 en propose un sur les coulisses de son feuilleton «Un si grand soleil». Pendant ce temps, plusieurs plateformes indépendantes de podcasts essayent de développer des offres basées sur des abonnements et/ou des partenariats, comme Sybel qui a levé 54 millions d’euros en début d’année ou Majelan, que l’ex-patron de Radio France Mathieu Gallet s’apprête à lancer. Le groupe M6 n’exclut pas de procéder à une acquisition pour pousser ses ambitions dans ce domaine, mais il veut d’abord se développer par ses propres moyens. «Nous ne sommes fermés à rien de ce qui pourrait nous permettre d’accélérer, en revanche nous n’avons pas de nécessité urgente (de faire une acquisition) car nous avons déjà tout le savoir faire dans la maison, avec RTL, que ce soit au plan éditorial ou technique», assure Antoine Daccord.Cette initiative permet enfin à M6 de renforcer l’intégration de RTL, avec une offre qui mêle radio et télé sous une même bannière. Suivant cette même logique, le groupe vient de choisir un homme de télévision, Régis Ravanas, ex-haut cadre de TF1 ayant fait ses classes chez M6, pour remplacer Christopher Baldelli à la tête de son pôle radio. Un mouvement que le PDG Nicolas de Tavernost a résumé ainsi dans «Le Figaro» : «Nous voulons passer d’un groupe de radio-télévision à un groupe de médias».