Harcèlement en ligne: le gouvernement dévoile son plan d’attaque

785

Face à un nouveau scandale de harcèlement en ligne, le gouverment français a annoncé jeudi sa volonté d’intensifier sa lutte contre le cyberharcèlement, en responsabilisant les plateformes et en accélérant les procédures pour identifier les auteurs de propos haineux. Un projet de loi contre le cyberharcèlement devrait être présenté avant l’été, ajouté à une mobilisation générale au sein du G7 et au niveau européen, a souligné le secrétaire d’Etat au Numérique Mounir Mahjoubi, à l’issue d’une concertation sur le sujet. «On sait très bien que les posts les plus likés et commentés sont ceux qui suscitent une émotion très forte», a souligné à ses côtés la secrétaire d’Etat à l’Egalité Marlène Schiappa, souvent visée elle-même par des attaques en ligne. «On a un travail à mener pour faire en sorte que l’engagement ne soit plus forcément du clash». Le sujet est d’actualité en France: une bande de cyberharceleurs des années 2010, aujourd’hui trentenaires et pour certains aux responsabilités dans des journaux, magazines et dans la pub, s’est fait rattraper ces derniers jours par ses victimes ciblées par les attaques de cette «Ligue du LOL». Avec le «plan d’action» présenté jeudi, les deux secrétaires d’Etat veulent notamment pousser les plateformes à mettre «en quarantaine» ou retirer «en quelques heures» les contenus haineux. «Il faut que l’ensemble de ces plateformes respectent les lois de la République», a souligné Marlène Schiappa, visant notamment Twitter, qui n’est pas «à la hauteur des enjeux», alors que Facebook coopère. M. Mahjoubi a déclaré réfléchir «sans tabou» à la création d’un nouveau statut pour ces plateformes, qui serait situé entre celui d’hébergeur de contenus et d’éditeur, rappelant que le statut actuel d’hébergeur en ligne «limite trop fortement leur responsabilité». Quant à l’anonymat, derrière lequel se cachent certains harceleurs, le gouvernement ne veut pas y mettre fin, a assuré Mounir Mahjoubi, mais seulement le restreindre pour certains usages, comme les pétitions en ligne, chères à la démocratie participative. Des déclarations du président Emmanuel Macron évoquant une fin de l’anonymat avaient suscité l’inquiétude de nombreux militants pour un internet libre. Au Soudan, en Iran, en Arabie Saoudite, l’anonymat est une condition de survie pour ceux qui souhaitent débattre en ligne. Dans les pays démocratiques aussi des victimes de violence ou des lanceurs d’alerte profitent de cette possibilité pour pouvoir s’exprimer. Dans des cas de harcèlement, ou d’apologie du terrorisme, la possibilité de demander l’identité des utilisateurs aux plateformes existe déjà dans la loi; il s’agirait maintenant d’imposer à ces plateformes des «délais» pour communiquer ces informations personnelles, «dans les cas les plus graves».