F. BAILLY (TF1) : «Nous sommes dans une phase de renouvellement permanent de la grille»

1016

Les chaînes historiques ne lâchent rien. C’est la grande tendance observée dans les audiences annuelles publiées par Médiamétrie. TF1 affiche une part d’audience de 20,2% en progression de +0,2pt en un an. Quelles sont en 2019 les perspectives de la chaîne privée en matière de contenus et de créations originales ? Détails et analyse avec Fabrice BAILLY, Directeur des Programmes et des Acquisitions du Groupe TF1.

MEDIA +

Les chaînes historiques ont vu leurs audiences repartir à la hausse en 2018. TF1 est-elle entrée en résistance ?

FABRICE BAILLY

Nous faisons mieux que résister ! Pour la 2ème année consécutive, sous l’impulsion  de Gilles Pelisson et d’Ara Aprikian, nous enregistrons une croissance de l’audience du groupe. Progression encore plus marquée sur la cible publicitaire des FRDA-50 ans (+17% sur 1 an) où nous creusons l’écart par rapport au Groupe M6. Nous ne sommes pas en reste sur le public jeune (+1,1 point sur les 15-24 ans et +1,3 point sur les 15-34 ans).

MEDIA +

TF1 progresse sur les FRDA. Quel travail avez-vous accompli pour cela ?

FABRICE BAILLY

C’est un travail global sur la grille. Il s’agit avant tout de mettre en place des programmes fédérateurs. Nous fonctionnons de deux façons. D’une part, nous travaillons sur nos marques existantes en les renouvelant. Typiquement, «Danse avec les stars» est revenu avec une nouvelle animation (Camille Combal et Karine Ferri) qui s’est avérée performante, «The Voice» marque son retour avec un jury fortement renouvelé. Pour la nouvelle saison de «Clem», nous faisons un saut dans le temps sur 5 ans. D’autre part, notre travail se focalise sur le développement de nouveautés, et notamment en fiction. «Les Bracelets Rouges» reviennent ce semestre pour une nouvelle saison, la mutation de «Sam» avec un nouveau casting, et les lancements réussis de «Balthazar» et «Insoupçonnable». Enfin, le socle de l’Access n’a jamais cessé de progresser en puissance et en ménagères, notamment avec «Demain nous appartient» qui connaît un leadership incontesté sur la période juillet-décembre 2018. Ce qui est révélateur de la fidélité du public, c’est quand le 24 décembre, jour du réveillon, nous réalisons une audience un peu plus faible sur le feuilleton (2,4 millions), et bien nous avons un replay qui surperforme  à 1,1 million. Nous ne nous reposons jamais sur nos acquis, nous nous réinventons, et nous aspirons à toujours plus de créativité.

MEDIA +

La Une a performé avec «Good Doctor», devenue la série US la plus suivie en France. Ça sonne le retour de l’attractivité des séries US ?

FABRICE BAILLY

Là où il peut y avoir des difficultés de certaines chaînes avec des séries américaines, tous nos derniers lancements se sont avérés de gros succès. «Good Doctor», «La Vérité sur l’affaire Harry Quebert», «S.W.A.T.». Arriveront prochainement «New Amsterdam», la grosse série de NBC, «Magnum P.I.», «Manifest». Et sur le terrain de l’Europe, la nouvelle création du producteur de «La Casa de Papel», «The Pier».

MEDIA +

Boostée par la Coupe du monde de football, TF1 parvient à se maintenir au-dessus de la barre symbolique des 20% de pda. Seul le sport peut-il vous renforcer ?

FABRICE BAILLY

Le sport nous renforce, c’est certain. Mais si nous n’avions pas eu la Coupe du monde de football, nous aurions quand même enregistré 89 des 100 meilleures audiences de l’année et nous serions quand même en progression. Le fond de grille reste puissant, la fiction française a été également très performante cette année. Et pour en revenir au sport, cette année, entre le Championnat du monde féminin et masculin de handball, la Coupe du monde de rugby et le football féminin, nous serons servis !

MEDIA +

Les franchises de divertissements («The Voice», «The Voice Kids», «Koh-Lanta») tiennent la route. L’usure n’est pas si visible…

FABRICE BAILLY

Notre travail consiste à nous réinventer continuellement. Les audiences de «Koh Lanta» restent extrêmement stables. Pour avoir visionné les premiers épisodes de la nouvelle saison, son retour se fait dans son format le plus pur avec de grands champions. Ce sera je pense une grande saison. «The Voice» se renouvelle en permanence, cette année avec l’arrivée de Julien Clerc et Soprano notamment, et demeure le divertissement le plus attractif sur le public français. D’ailleurs 15 des 30 meilleures audiences de divertissement reviennent à ce programme en 2018. C’est une émission qui rayonne et qui a une influence sur le monde de la musique : près de 10 millions de disques vendus en 7 ans, 10.000 candidats castés par saison et 150 talents chaque année en plateau.

MEDIA +

Sur «L’Aventure Robinson» et les Prime d’Arthur, la performance en 4+ est plus modeste. Est-ce un problème à long terme ?

FABRICE BAILLY

«L’Aventure Robinson» et les Prime d’Arthur sont des créations françaises, très puissantes sur cibles. Notre régie publicitaire est ravie. Sur ces marques, il y a un travail d’incubation et quasiment une part de développement qui influe après la diffusion. Même si notre enjeu est d’être à la fois puissant en 4+ et cibles, il y a des fictions françaises beaucoup plus puissantes sur le public global, plus faibles sur cibles, et vice-versa. C’est une question d’équilibre.

MEDIA +

Remettre à l’antenne d’anciennes marques, est-ce un gage de sérénité pour vous ?

FABRICE BAILLY

Si vous faites référence à «Qui veut gagner des millions ?», jeu iconique de la télévision et de TF1, le programme était encore à l’antenne en 2015. Mais effectivement, trouver des bons jeux en TV reste très compliqué. Nous trouvions intéressant de relancer ce jeu de plateau à l’aube des 20 ans de la marque, avec une dernière prestation de Jean-Pierre Foucault (suivie par 5,17 millions, ndlr) et le passage de relai à Camille Combal. Quant à «Je suis une célébrité, sortez-moi de là !», c’est de la comédie d’aventure.La marque n’est pas vraiment établie en France. L’émission n’a connu qu’une saison en 2006, sous une forme quotidienne très télé-réalité à l’époque. C’est un énorme carton en Angleterre, en Allemagne et en Australie. Notre version sera uniquement déclinée en Prime, avec un duo d’animateurs.