Ils sont Allemands, Russes, Canadiens ou Chinois. A Biarritz, dans une vaste salle surplombant l’océan, entièrement occupée par des rangées d’ordinateurs, ils scrutent leurs écrans à longueur de journée pour trouver les programmes français qui séduiront les téléspectateurs de leur pays. Pour beaucoup de ces 260 acheteurs de programmes, le Rendez-Vous de Biarritz, qui se tient chaque année vers la mi-septembre, est la 1ère étape d’un circuit international de marchés audiovisuels qui leur permettra d’approvisionner leurs chaînes ou plateformes de vidéo sur abonnement (SVOD). «Le Rendez-Vous ouvre la saison, 4 semaines avant le MIPCOM (grand marché audiovisuel international qui se tient à Cannes)», estime Franck Dietz, directeur des acquisitions pour la chaîne allemande SuperRTL, habitué du marché. Pour cet acheteur qui cherche principalement de l’animation, «la France se démarque avec une production très développée à la fois en volume et en qualité», grâce notamment aux retours des studios dans l’Hexagone et aux aides du Centre national du cinéma (CNC). «Le contenu français est très riche, pas uniquement le scénario mais aussi le travail artistique», abonde Sean Chu, fondateur de WeKids, distributeur qui travaille avec les grandes chaînes chinoises et cherche aussi à financer des projets en France. «Les dessins animés français ont beaucoup de succès en Chine, comme LoliRock. Avec les contenus pour enfants, les barrières culturelles sont limitées, c’est plus facile qu’avec d’autres types de programmes», estime cet acheteur qui vient pour la première fois. Si l’animation est le genre le plus exporté (37% des ventes en 2017), les ventes de séries et de documentaires augmentent au point de placer la France dans le trio de tête des exportateurs. «Au Canada, de plus en plus de chaînes s’intéressent aux programmes français, il y a une forte concurrence», raconte Julia Lauzon. Cette responsable des acquisitions pour TV5 Québec Canada recherche des programmes «récents uniquement en langue originale française». En matière de fiction, l’acheteuse souhaite cette année «plutôt des comédies avec des personnages féminins forts et inspirants». Les participants peuvent poursuivre le visionnage du catalogue de plus de 1.100 programmes après leur venue. Cette année, la série «Philharmonia» (Lagardère Distribution) a été la plus visionnée (près de la moitié des participants). Les négociations peuvent ensuite durer plusieurs mois, voire plus d’un an, avant d’aboutir à des contrats. «C’est pas «je viens ici, je vois une série et je l’achète tout de suite». Cela arrive rarement. On regarde si le programme tient la route, après on discute avec la chaîne, c’est tout un processus. Il faut prendre en compte le contexte online, les droits dérivés, l’exploitation en SVOD… Ça devient plus complexe de prendre des décisions», explique Franck Dietz. Comment choisit-il ses programmes? «L’expérience, l’instinct. On connait notre audience!». En matière de fictions, il aime bien le concept de la série de téléfilms «Meurtres à…» (diffusée sur France 3) : «c’est une intrigue policière et il y a cet aspect touristique avec les changements de lieux». Dans ce milieu discret et concurrentiel, pas question de parler d’argent. «Les programmes français ne sont pas bon marché», lâche Suzanna Zingerman, responsable des acquisitions pour la chaîne publique russe Kultura TV, habituée des Rendez-Vous et friande des documentaires sur l’histoire, la nature et la science, l’art ou le spectacle. A la différence du Mip, le Rendez-Vous est une vitrine réservée aux vendeurs français où les acheteurs sont invités par TV France International (TVFI), organisme de promotion des productions françaises à l’étranger, financé par le CNC, le Quai d’Orsay et un syndicat de producteurs (Procirep). Pour séduire des acheteurs originaires d’une soixantaine de pays, dont environ 35% de nouveaux venus, l’organisme mise notamment sur l’hospitalité à la française, avec buffets à volonté et soirées à thèmes.
Accueil TV Télévision - Evènements Biarritz, 1ère étape d’un circuit international de marchés audiovisuels