Chris KEYSER, Producteur & Scénariste américain (The Last Tycoon)
Quels sont les enjeux actuels de la production audiovisuelle aux Etats-Unis ? Réponse avec Chris KEYSER, Producteur & Scénariste pour des séries américaines telles que «The Last Tycoon» pour Amazon Prime Video ou encore «Tyrant» pour la chaîne FX. Entretien.
Quelle tendance percevez-vous parmi les nouvelles séries produites aux Etats-Unis ?
Les séries US qui disposent d’une vingtaine d’épisodes (ou plus) par saison sur les grands networks hertziens se font rares. Nous sommes aujourd’hui sur des commandes allant de 8 à 12 épisodes par saison. Une tendance qui n’arrange pas franchement les scénaristes, payés par épisode. Il y a deux choses qui se produit. D’une part, il existe une expansion d’opportunités de création pour les réalisateurs, acteurs et scénaristes. D’autre part, il y a des conséquences économiques importantes qui ne sont pas forcément bien pensées pour les artistes et le secteur.
Le «binge watching» impacte-t-il votre manière d’écrire ?
La manière dont nous créons nos scénarios est effectivement affectée par la façon dont le public va nous regarder. Du fait que tous les épisodes d’une série soient disponibles simultanément, cela modifie notre approche narrative. De ce fait, nous nous rapprochons de l’écriture d’un roman. Un épisode correspond ainsi au chapitre d’un livre.
Producteur de la série «The Last Tycoon» pour Amazon Prime Video, comment avez-vous envisagez votre collaboration avec ce nouvel acteur ?
Chris KEYSER : Cette série, je la coproduis avec un associé Billy Ray. Nous l’avons présentée au départ à 60 chaînes différentes, puis nous l’avons développée pour HBO pendant 1 an. Au final, le network a laissé tomber le projet pour se consacrer à une autre série dans le domaine de la musique. Le développement a encore pris 1 an, notamment d’un point de vue scénaristique puisque Amazon nous a fait confiance. Inspiré du dernier roman inachevé de F. Scott Fitzgerald, dont le titre français est «Le Dernier Nabab», «The Last Tycoon» met en lumière les passions, la violence et l’ambition exceptionnelle du Hollywood des années 1930. Dans un monde assombri par la Grande Dépression, où plane l’influence grandissante de l’Allemagne d’Hitler, le «golden boy» Monroe Stahr (Matt Bomer) se retrouve pris dans des jeux de pouvoir avec son patron et mentor Pat Brady (Kelsey Grammer) pour préserver l’âme de leur studio.
De quel budget avez-vous disposé pour produire une série destinée à Amazon ?
Chris KEYSER : Je ne peux pas spécifiquement entrer dans les détails, mais il s’agit de plusieurs millions de dollars par épisode. Amazon a investi l’argent nécessaire pour recréer l’environnement des années 1930. Nous avions un designer de production fantastique qui a notamment reçu des récompenses, un costumier qui a fait «Mad Men». Amazon a des ressources pour faire en sorte que la série reflète l’engagement de notre création. Amazon a d’ailleurs pris le temps de tester le pilote en le mettant en ligne aux Etats-Unis. Le processus de distribution, d’écriture et de montage ne sont pas si différents de ce que nous ferions pour une autre chaîne.
Les plateformes de SVOD concurrencent-elles réellement les acteurs traditionnels ?
En tant que scénariste, ce sont de nouveaux partenaires. Nous sommes évidemment ravis qu’il y ait bien plus de supports pour lesquels nous pouvons vendre nos scénarios. Amazon, Netflix, Apple, Hulu sont autant d’opportunités nouvelles pour les créateurs et les spectateurs.