Nathalie SONNAC, Membre du CSA, et Présidente du groupe de travail «Economie de l’audiovisuel et affaires européennes»
A l’issue de la présentation de l’étude sur le tissu économique de la production audiovisuelle présentée vendredi par le CSA en marge du FIPA, média+ s’est entretenu avec Nathalie SONNAC, Membre du CSA, et Présidente du groupe de travail «Economie de l’audiovisuel et affaires européennes».
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Créateur de richesses et d’emplois, le secteur de l’audiovisuel français connaît-il une croissance conséquente ?
Nathalie SONNAC
Oui, il y a véritablement une valeur de marché qui est dégagée. Le secteur audiovisuel français compte 3.450 entreprises intervenant sur le secteur de la production audiovisuelle en 2013 (contre 1.326 en 2000). Le nombre total d’employés a augmenté de 47% en 13 ans (pour atteindre près de 85.000 personnes distinctes en 2013). Le recours au CDD d’usage est une caractéristique forte du secteur. Quant au chiffre d’affaires de la production audiovisuelle, il s’établit à 2,8 milliards d’euros en 2012. Notons par ailleurs que les 200 plus grandes entreprises ont généré près de 75% du chiffre d’affaires total du secteur entre 2008 et 2012.
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Quid de la producton audiovisuelle française comparé au marché anglais ?
Nathalie SONNAC
Nous n’avons absolument pas à rougir face à nos amis britanniques. Au sein de l’étude, nous avons réalisé une comparaison sur la base d’estimations avec le marché anglais. Elle souligne le différentiel de valeur dégagée : un peu plus de 500 entreprises réalisent un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros au Royaume- Uni (2014) alors qu’un peu plus de 2.300 entreprises réalisent un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros (2012) en France.
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Quel sont les points qu’il faut scruter ?
Nathalie SONNAC
Après avoir déterminé les programmes qui fonctionnent, il faut voir comment mieux les exporter. Nous avons déjà bien entamé ce travail depuis 2012 avec un redémarrage de l’export français. Ensuite, le secteur audiovisuel doit conserver son nombre d’entreprises et tenter d’aider celles qui souhaiteraient monter en puissance dans le domaine de la production audiovisuelle.
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La concentration des médias, est-ce un premier pas vers un changement en profondeur du secteur audiovisuel ?
Nathalie SONNAC
Ce mouvement de concentration s’est accéléré depuis deux ans au niveau européen. En France, le marché des diffuseurs est l’un des plus concurrentiels d’Europe. Les fusions, les acquisitions et les diversifications sont ouvertes aujourd’hui à de nouveaux acteurs puissants. L’arrivée de plateformes de SVOD par exemple constitue un formidable potentiel de marché pour les détenteurs de droits et pour la production inédite. Certains acteurs accompagnent les évolutions d’usages du linéaire vers le non linéaire. Cela participe aussi à la fragilisation de l’ensemble du système en dépit d’une durée d’écoute individuelle linéaire stable. Ces mouvements sont la résultante de mouvements technologiques engendrés depuis une dizaine d’années par le biais de la numérisation de l’information, du déploiement du très haut débit et des mutations d’usages importantes chez le téléspectateur qui ont des appétences nouvelles.