Avec 41,8 millions de spectateurs cinéma, l’année 2017 aura séduit 300.000 individus supplémentaires malgré un nombre d’entrées en léger retrait par rapport à 2016. Pour nous éclairer sur l’évolution du secteur, média+ s’est entretenu avec Marine BOULANGER, Directrice du Pôle Cinéma & Entertainment de Médiamétrie.
média+ : Quel est le profil du «nouveau spectateur» de cinéma ?
Marine BOULANGER : Si nous parlons de «nouveau spectateur, c’est qu’il vraiment en phase de transition. Sur les douze derniers mois, près de 42 millions de Français sont venus dans les salles obscures (+300.000 sur 1 an). Mais le public de cinéma devient aussi de plus en plus occasionnel. 69,4% des Français déclarent aller au cinéma au moins une fois par an (soit 1,4 point de plus sur 1 an). Ces spectateurs occasionnels comptent pour 31,6% des entrées de l’année (un chiffre en progression de près de 3 points en trois ans). Multi-connectés et amateurs de contenus, les spectateurs cinéma sont plus équipés de tablettes (61%), abonnés à Netflix (12,9%) et pratiquent davantage le replay (61,5%). Ces spectateurs sont particulièrement sensibles à la SVOD (23,2%). On observe aussi que le public âgé de 50 ans va plus régulièrement au cinéma. Comme pour la télévision, la radio ou bien la presse, le cinéma subit un vieillissement de son spectateur.
Pourtant, l’âge moyen du spectateur de cinéma est de 38,6 ans…
Ce qui est assez jeune. 67,4% de la population française va au cinéma. Ce qui signifie qu’1/3 de la population ne va pas voir de films. L’enjeu passe nécessairement par la notoriété des longs métrages. Plus on les fait connaître à l’avance, plus les non-spectateurs ont la possibilité d’être convertis pour aller au cinéma.
4 spectateurs sur 5 ne sont pas au courant des films qu’ils vont voir. Pourquoi ?
Parce qu’il y a une multitude de contenus proposés en parallèle. Le spectateur est constamment sollicité. Il est donc compliqué pour les films d’émerger. C’est un vrai travail de dentelles de la part des distributeurs pour faire en sorte que leurs œuvres soient plus visibles. Pour cela, il faut nécessairement choisir les bons médias, les bons ressorts et les bons axes de communication.
Au final, les grosses franchises tirent leur épingle du jeu ?
C’est exact. Plus il y a d’investissement sur la visibilité d’un film dans les médias, plus il a de chance d’émerger. C’est la loi du marketing. Sur près de 42 millions de spectateurs cinéma en 2017, seuls 7,5 millions ont entendu parler d’un film une semaine avant sa sortie. Et parmi ces spectateurs informés, 36% ont l’intention d’aller le voir.
Quels sont les enjeux à venir ?
Augmenter la pénétration du cinéma ainsi que la notoriété des films. Internet par exemple touche en moyenne 2,2 millions de spectateurs à une semaine de la sortie d’un film. Le défi porte aussi sur les salles. Chaque public a des envies de salles différentes. Des multiplexes neufs ou rénovés vont séduire essentiellement une population jeune et familiale tandis que des salles Art & Essai aux programmations exigeantes toucheront davantage une population plus senior.
Comédies et films d’animation sont les genres les plus attractifs au cinéma. Est-ce étonnant ?
Ce sont des films sur lesquels il est plus facile de communiquer. Chaque année, on se souvient d’une comédie qui a marqué les spectateurs : «Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ?» en 2014, «Bienvenue chez les Ch’tis» en 2008 ou «Intouchables» en 2011. 2017 aura été l’année du drame («Au revoir là-haut», «120 battements par minute»,…) et de la science-fiction avec «Star Wars» qui a boosté les entrées en fin d’année.